New York (awp/afp) - Pfizer s'est montré optimiste mardi pour l'année, après avoir plus que doublé ses bénéfices trimestriels, en raison de bonnes ventes de nouveaux médicaments contre le cancer qui ont permis de compenser la perte de brevets sur d'anciens traitements.

Le laboratoire pharmaceutique américain n'a toutefois pas réussi à dissiper l'impatience des marchés financiers qui le pressent, depuis plusieurs mois, de réaliser une acquisition de grande envergure pour assurer la pérennité de ses ventes et de ses bénéfices.

Le bénéfice net est ressorti à 2,84 milliards de dollars lors du troisième trimestre, contre 1,35 milliard au troisième trimestre 2016, période marquée par une charge exceptionnelle liée à des cessions d'actifs.

Ce résultat s'est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord, de 67 cents contre 65 cents attendus en moyenne par les analystes financiers.

Après avoir diminué au deuxième trimestre, le chiffre d'affaires a progressé cette fois-ci de l'ordre de 1% à 13,17 milliards de dollars, exactement ce qu'anticipaient les marchés financiers. En excluant la cession des médicaments injectables de sa filiale Hospira, les ventes ont progressé de 2%, a tenu à souligner le directeur financier Frank D'Amelio.

Le numéro 2 mondial de la pharmacie a dans la foulée relevé sa prévision de bénéfice par action ajusté pour l'ensemble de l'année, qui devrait être compris désormais entre 2,58 et 2,62 dollars contre de 2,54 à 2,60 dollars auparavant.

Les ventes annuelles devraient être, elles, de l'ordre de 52,4 à 53,1 milliards de dollars contre de 52 à 54 milliards précédemment.

"Nous sommes encouragés par deux tendances positives", a expliqué le PDG Ian Read. D'un côté le déclin attendu des ventes d'anciens traitements dû à la perte d'exclusivité va être compensé par "une vague" de lancements de nouveaux traitements et de l'autre le renforcement en cours du portefeuille, a-t-il résumé.

- Acheter un concurrent -

A Wall Street, le titre, qui a gagné plus de 8% depuis le début de l'année, prenait 0,34% à 35,25 dollars vers 12H10 GMT dans les échanges électroniques de pré-séance.

Pfizer ne semble pas parvenir à rassurer les marchés, inquiets des conséquences de la concurrence des génériques sur ses ventes alors que l'un après l'autre ses brevets expirent.

Pour de nombreux experts, l'avenir du laboratoire, qui dispose d'un trésor de guerre de plus de 200 milliards de dollars logé hors des frontières américaines pour des raisons fiscales, repose sur trois scénarios: une nouvelle cure d'austérité, une scission en deux du groupe ou l'acquisition d'un groupe pharmaceutique rival.

Cette dernière hypothèse est la plus prisée et certains analystes, comme ceux du courtier Jefferies, estiment que mettre la main sur Bristol-Myers Squibb, qui développe des traitements contre les cancers, serait la meilleure option.

S'il ne rejette pas l'idée d'une grosse acquisition, Pfizer estime nécessaire d'attendre de voir comment se dessine la réforme fiscale promise par Donald Trump. Celle-ci est non seulement censée abaisser le taux d'imposition des entreprises de 35% actuellement à 20% mais aussi contenir un dispositif favorisant le rapatriement par les entreprises américaines des liquidités détenues à l'étranger pour éviter de payer les impôts.

Le laboratoire a essayé de racheter tour à tour le britannique AstraZeneca et son compatriote Allergan (Botox), dont le siège est en Irlande, afin de payer moins d'impôts mais ces transactions, baptisées "tax inversion", avaient été torpillées par l'administration Obama.

En attendant, Pfizer a répété mardi étudier plusieurs scénarios pour l'avenir de sa division de médicaments sans ordonnance (Advil, Centrum, Caltrate), dont sa vente pure et simple. La décision finale sera prise en 2018.

Le troisième trimestre a confirmé l'érosion continue des ventes de la division "médicaments matures", traitements dont les brevets ont expiré ou vont l'être. Elles ont diminué de 11,6%% à 5,05 milliards de dollars.

L'anti-inflammatoire Enbrel a notamment souffert de la concurrence des médicaments biosimilaires en Europe, tandis que les ventes de Viagra ont pâti de l'anticipation de l'arrivée de génériques de la petite pilule bleue dès décembre aux Etats-Unis.

Ce recul a toutefois été compensé par la division des traitements innovants (oncologie et immunologie notamment) dont les ventes de médicaments ont augmenté de 10,7% à 8,12 milliards de dollars.

afp/rp