Le ciel se couvre pour les multinationales américaines candidates à l'exil fiscal. Washington vient en effet d'annoncer une série de mesures visant à stopper un mouvement connu sous le nom de "corporate inversion", ou inversion fiscale. Ce mécanisme permet aux entreprises américaines de délocaliser leur siège social dans un pays à taux d'imposition plus bas en achetant une société étrangère.

Une pratique qualifiée d'« échappatoire flagrante au code des impôts américain » par le secrétaire au Trésor, Jacob Lew. « Ce type d'opérations érode l'assiette fiscale des États-Unis, plaçant injustement un fardeau plus lourd sur tous les autres contribuables, y compris les petites entreprises et les Américains qui travaillent dur », a déclaré le Trésor dans un communiqué.

L'enjeu est d'importance. Environ 50 opérations d'inversion fiscale ont été réalisées par des entreprises américaines depuis le début des années 1980, dont la moitié environ depuis la crise financière de 2008-2009, selon des données compilées par Reuters.

Des laboratoires comme Perrigo, Allergan, Actavis et Endo Health Solutions se sont récemment installés en Irlande après un rapprochement avec un groupe local. Le taux d'impôt sur les sociétés dans ce pays est de 12 % contre 35 % aux États-Unis.

Actuellement, AbbVie finalise le rachat son concurrent irlandais Shire et Medtronic fait de même avec Covidien. De son côté, Burger King n'a pas caché son intention de déménager au Canada à l'occasion de sa fusion avec les cafétérias Tim Hortons. Enfin, le producteur de bananes Chiquita Brands International s'est emparé de Fyffes pour bénéficier, lui aussi, du régime fiscal irlandais.

En Bourse, l'impact du Trésor américain se fait sentir. Le britannique, AstraZeneca, dans le viseur de Pfizer depuis plusieurs mois, perd plus de 5% tandis que Shire cède près de 6%.



Valeurs citées dans l'article : Pfizer Inc., AstraZeneca plc, Shire PLC