* L'action de Criteo prend plus de 18% sur le Nasdaq

* Discussions avec Publicis sur son possible rachat-Les Echos

* Des spéculations "sans fondement"-source proche de Publicis

* Publicis et Criteo ne font aucun commentaire (Actualisé avec source proche de Publicis)

par Gwénaëlle Barzic

PARIS/NEW YORK, 29 août (Reuters) - Les spéculations de presse sur un possible rachat de Criteo par Publicis , qui font flamber vendredi l'action de la start-up française, sont "sans fondement", a-t-on déclaré de source proche du numéro trois mondial de la publicité.

Le spécialiste de la publicité en ligne, qui est coté sur le Nasdaq depuis octobre 2013, se classait parmi les plus fortes hausses du Nasdaq : vers 19h30, le titre Criteo prend 18,73% à 36,39 dollars. A la Bourse de Paris, Publicis a clôturé de son côté en repli de 0,61% 56,70 euros, tandis que le CAC 40 a fini sur un gain de 0,34%.

A ce cours, la capitalisation boursière de Criteo, qui fait partie des valeurs les plus échangées sur le Nasdaq, dépasse 2,1 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros).

Criteo n'a pas souhaité faire de commentaire. Une porte-parole de Publicis a déclaré que le groupe ne commentait pas les rumeurs.

Selon Les Echos, des discussions entre Criteo - dont le siège est à Paris - et le géant de la publicité auraient commencé avant le projet de mégafusion entre Publicis et le numéro deux mondial du secteur, Omnicom.

Après l'échec en mai dernier des fiançailles entre le français et l'américain, Publicis et Criteo auraient repris leurs discussions qui pourraient aboutir dans les prochains jours, ajoute le quotidien sur son site internet vendredi.

Le site boursier.com avait été le premier à se faire l'écho d'un possible rapprochement jeudi soir.

Plusieurs analystes jugent crédible la piste d'un rapprochement entre Criteo et Publicis. Elle offrirait à ce dernier, qui a multiplié les acquisitions dans le domaine du numérique, l'un de ses axes prioritaires de développement, la possibilité de mettre la main sur une solution technologique singulière, susceptible de faire la différence avec ses grands concurrents.

"Cette acquisition permettrait de faire évoluer le modèle de Publicis vers une dimension beaucoup plus technologique", soulignent vendredi dans une note les analystes de Natixis, qui avaient évoqué fin juillet la possibilité d'un tel scénario.

En partant de l'hypothèse d'une prime de 30% sur le cours de bourse de Criteo, ils évoquent un prix d'acquisition de 1,63 milliard d'euros, "ce qui serait tout à fait abordable pour Publicis, qui devrait afficher une trésorerie nette de l'ordre d'un milliard fin 2014".

Fondé en 2005, Criteo s'est imposé comme un des leaders du "reciblage publicitaire" qui consiste à identifier les internautes s'étant rendus sur un site de vente en ligne sans faire d'achat. Criteo leur propose ensuite des publicités pour des produits similaires lorsqu'ils se rendent sur d'autres sites.

PÉPITE

Le groupe, régulièrement présenté comme une des pépites numériques de l'Hexagone aux côtés de Vente Privée, Dailymotion ou Deezer, profite à plein de la mutation des investissements publicitaires des annonceurs qui privilégient de plus en plus internet au détriment des médias traditionnels.

La société, qui est présente dans 37 pays, a quasiment doublé ses ventes chaque année depuis 2010, atteignant un chiffre d'affaires total de 444 millions d'euros en 2013. Elle a dégagé un bénéfice net de 1,4 million l'an dernier.

"Criteo est au carrefour du e-commerce, du big data et de la publicité en ligne : les axes prioritaires de développement de Publicis. Nous voyons peu d'autres acquisitions appropriées possibles dans ce domaine où Criteo est l'un des meilleurs et des plus grands acteurs", soulignent les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note.

Un rachat par Publicis assurerait à Criteo un accès à un portefeuille nettement plus vaste que sa base actuelle de clients, constituée en majorité de sociétés de petite et moyenne taille dont le modèle est exclusivement basé sur internet, ajoutent les analystes.

Ils estiment que Publicis pourrait offrir une prime allant jusqu'à 70% du cours de Bourse de Criteo qui, avant la flambée de vendredi, a essuyé une forte baisse ces derniers mois, ce qui porterait la transaction à 2,6 milliards.

Reste à savoir si les fondateurs de Criteo sont prêts à voir leur société absorbée par le mastodonte de la publicité, à la recherche d'un nouveau souffle depuis son mariage raté avec Omnicom.

Le groupe dirigé par Maurice Lévy, qui s'est donné pour ambition d'accélérer sa mue vers le numérique, doit présenter sa nouvelle feuille de route au mois d'octobre. (Avec Leila Abboud et Gilles Guillaume, édité par Marc Angrand)