San Francisco (awp/afp) - Les fabricants de semi-conducteurs NXP et Qualcomm ont décidé de repousser à cet été la finalisation de leur projet de fusion, dans l'attente du feu vert des autorités de régulation chinoises, a annoncé Qualcomm jeudi.

L'américain Qualcomm, et le néerlandais NXP se sont entendus pour "repousser la date butoir de leur accord de fusion du 25 avril au 25 juillet", a indiqué Qualcomm dans un communiqué.

Qualcomm a cédé 4,82% à 52,57 dollars à Wall Street. Egalement coté à New York, NXP a reculé de 5,15% à 107,17 dollars.

"A la demande du ministère chinois du Commerce (MOFCOM)", les deux groupes ont dû lui présenter une nouvelle demande de validation réglementaire, explique le groupe américain, qui souhaite racheter son concurrent pour environ 45 milliards de dollars.

Qualcomm précise que si la fusion n'a pas obtenu toutes les autorisations au soir du 25 juillet, il versera à NXP dès le lendemain une indemnité de rupture.

Ce n'est pas la première fois que le mariage entre NXP et Qualcomm, annoncé fin 2016, se heurte à des problèmes réglementaires. Qualcomm, spécialisée dans les composants pour téléphones mobiles, espérait initialement boucler fin 2017 cette transaction destinée à étendre ses activités aux marchés porteurs de l'automobile et des objets connectés.

Mais la Commission européenne avait ouvert une enquête sur cette fusion entre les deux géants l'an dernier, avant de finalement l'autoriser en janvier, en échange "d'engagements" pour éviter des "problèmes de concurrence".

- Climat délétère -

Et en février, Qualcomm avait relevé son offre de rachat sur NXP --de 110 à 127 dollars l'action-- au grand dam d'un autre fabricant de semi-conducteurs, Broadcom, qui avait lui-même lancé une OPA hostile sur Qualcomm.

Cette OPA avait été ensuite bloquée par la Maison Blanche pour des raisons de sécurité nationale, Broadcom étant alors encore officiellement basé à Singapour avant finalement de se rapatrier aux Etats-Unis début avril.

Les autorités américaines estimaient que cette fusion affaiblirait les Etats-Unis dans le secteur stratégique de la 5G, l'internet mobile ultra-rapide, au profit d'entreprises chinoises, notamment Huawei.

L'annonce de jeudi intervient donc dans un climat délétère entre la Chine et les Etats-Unis sur le plan commercial, tensions qui s'illustrent notamment dans le secteur technologique.

Mardi, le gouvernement chinois a averti qu'il défendrait les droits de ses entreprises, après l'annonce par les Etats-Unis de sanctions contre le géant chinois des télécoms ZTE, mis en cause dans une enquête sur les embargos visant l'Iran et la Corée du Nord.

Les analystes de BMI Research ont évoqué dans une note jeudi la "possibilité que la Chine réplique" aux Etats-Unis. A cet égard, le projet NXP Qualcomm, "qui attend le feu vert des autorités de la concurrence chinoises pourrait apparaître comme un atout" dans la manche des Chinois, disent-ils. Mais, estiment-ils, il est peu probable que la Chine bloque la transaction.

Qualcomm, un gros fournisseur d'Apple et qui pèse environ 80 milliards en Bourse, est régulièrement aux prises avec les autorités de la concurrence. Le groupe a été mis à l'amende dans plusieurs régions dont la Corée du sud, la Chine, Taiwan, ou l'Union européenne.

afp/rp