PARIS, 19 novembre (Reuters) - Le secteur de la logistique et du transport de marchandises va devoir s'adapter le plus vite possible au durcissement des contrôles aux frontières françaises, et des discussions en ce sens ont déjà commencé, a déclaré jeudi le vice-président du groupement Astre.

La France a décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence instauré après les attentats qui ont fait au moins 129 morts vendredi soir à Paris et Saint-Denis. Les transporteurs routiers et leurs clients vont devoir s'organiser face aux inévitables délais de livraison qui s'ensuivront.

"Dans le cadre de la courte distance, pour les trafics transfrontaliers qui viennent alimenter des flux tendus entre différents sites de production, c'est plus problématique car (on) est soumis à une obligation de résultat, de temps d'acheminement", explique Eric Cabaillé, vice-président d'Astre, qui regroupe 160 entreprises du secteur, dont 110 françaises et 50 du reste de l'Europe.

"Un certain nombre de nos clients nous interrogent pour réfléchir aux moyens de continuer à optimiser la gestion des stocks (...) sans pour autant subir les aléas des contraintes réglementaires qui vont s'imposer à chacun d'entre nous", ajoute-t-il. "Nous sommes en train d'imaginer dans l'urgence les solutions qui vont permettre à l'industrie de continuer à fonctionner dans les meilleures conditions possibles. Mais aujourd'hui rien n'a abouti concrètement."

Dans le secteur automobile, dont le flux tendu est au coeur du fonctionnement, une porte-parole de Renault a déclaré que la situation n'avait pas d'impact sur les approvisionnements des usines du groupe en Europe, tandis que PSA Peugeot Citroën a refusé de faire un commentaire.

La crise des migrants à Calais a déjà amené les transporteurs routiers à s'adapter petit à petit au durcissement des contrôles à l'entrée du tunnel sous la Manche, en faisant par exemple varier la taille ou le type de camion employé, ou en optant purement et simplement pour un itinéraire alternatif, comme la voie maritime pour rallier la Grande-Bretagne.

Mais dans le cas de l'état d'urgence en France, le renforcement a été immédiat. Le temps nécessaire pour franchir la frontière franco-espagnole est ainsi passé en une nuit de deux minutes à plus d'une heure, souligne Eric Cabaillé.

"C'est la soudaineté de la décision qui crée la difficulté", poursuit-il. "A partir du moment ou tout le monde se prépare (...) notre métier est pour beaucoup fait de programmation et d'organisation."

Dans le cas du transport longue distance international, une heure d'immobilisation est en revanche vécue pour l'heure davantage comme un "épiphénomène". Le surcoût reste actuellement à la charge du transporteur, mais devrait faire au bout d'un mois environ l'objet d'une renégociation avec ses clients.

Les entreprises représentées par Astre emploient environ 14.000 personnes et utilisent 17.000 véhicules. (Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : PEUGEOT, Renaissance Jewellery Limited