(Actualisation: précisions sur la carrière de Luca de Meo)

PARIS/BERLIN (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Renault prévoit de nommer Luca de Meo, un ancien dirigeant du groupe Volkswagen, au poste de directeur général lors d'une réunion extraordinaire du conseil d'administration cette semaine, ont indiqué des personnes proches du dossier.

L'arrivée de Luca de Meo chez Renault, qui dépend du vote du conseil d'administration, est considérée comme une quasi-certitude depuis que Volkswagen a annoncé au début du mois son départ de la direction générale de Seat, la filiale espagnole du groupe allemand. Luca de Meo a restauré la rentabilité de Seat, lui permettant également de devenir l'une des marques à plus forte croissance de Volkswagen.

Renault a évincé en octobre dernier son précédent directeur général, Thierry Bolloré. La directrice financière, Clotilde Delbos, assure depuis l'intérim.

La nomination de Luca de Meo à la direction générale du constructeur automobile français a été retardée par de longues négociations sur les termes du départ du dirigeant de Seat, ont souligné les personnes proches du dossier. L'un des principaux points d'achoppement concernait la date d'arrivée de Luca de Meo chez Renault et il ne démarrera pas immédiatement, a affirmé une des sources.

Une ascension au sein de l'industrie automobile européenne

Cette nomination marquerait une sorte de retour aux sources pour ce cadre de l'industrie automobile, né à Milan et qui parle cinq langues, dont le français. Luca de Meo a commencé sa carrière chez Renault avant de rejoindre Toyota Europe puis Fiat, où il a dirigé les marques Lancia, Fiat et Alfa Romeo.

En tant que directeur du marketing de Fiat, Luca de Meo a été l'un des moteurs de la stratégie de renaissance de la Fiat 500, l'un des modèles les plus vendus par la société.

En 2009 il a été appelé par Volkswagen afin de superviser les ventes et le marketing de la marque VW, à un moment où le groupe se préparait à lancer une nouvelle série de petites voitures et ambitionnait de devenir le plus gros constructeur automobile mondial. VW avait débauché plusieurs cadres de Fiat pour leur expertise dans la conception et la commercialisation de petites voitures.

Depuis 2015, Luca de Meo était président du comité exécutif de Seat. Sous son mandat, le constructeur espagnol a publié son premier bénéfice depuis une décennie. En 2019, Seat a vendu 518.000 véhicules, en augmentation de 10,5% par rapport à l'année précédente. Son chiffre d'affaires s'est élevé à 10 milliards d'euros, soit une hausse de 3%, et ses bénéfices avant impôts ont augmenté de 33% pour atteindre 254 millions d'euros.

Bien qu'il soit très apprécié et respecté chez Volkswagen, Luca De Meo ne semblait pas en mesure de diriger le groupe allemand à court terme. A 60 ans, l'actuel président du directoire de Volkswagen, Herbert Diess bénéficie du soutien des principaux actionnaires et représentants de salariés. Même si le poste s'était libéré, Luca de Meo aurait dû affronter une rude concurrence en interne, comme celle du directeur de Porsche, Oliver Blume. Volkswagen n'a jamais eu de patron non allemand.

Des défis de taille l'attendent chez Renault et Nissan

Luca de Meo devrait reprendre les rênes du groupe français à une période particulièrement difficile. L'action est au plus bas depuis plus de sept ans et les bénéfices diminuent face à des ventes en berne sur certains grands marchés émergents. Parallèlement, la relation entre Renault et son partenaire japonais, Nissan, est mise à rude épreuve par les différends sur la direction d'une alliance qui dure depuis 20 ans.

Le processus de prise de décision au sein de l'alliance, dont fait également partie le constructeur japonais Mitsubishi, est au ralenti depuis l'arrestation au Japon de Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault et ancien président de Nissan et Mitsubishi. Ce dernier est accusé de malversations chez Nissan.

En tant que directeur général de Renault, Luca de Meo devra notamment régler la question de la future structure de l'alliance. Renault détient 43,4% de Nissan, qui contrôle de son côté 15% du capital du français mais ne dispose pas de droits de vote. Les Japonais se plaignent de cette situation, qu'ils jugent déséquilibrée.

Jean-Dominique Senard demeurera président de Renault et de l'alliance, ont indiqué les personnes proches du dossier.

-Nick Kostov et William Boston, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed: ECH

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