Le conseil d'administration que Nissan a organisé hier, et dont pas grand-chose n'a filtré officiellement, fait couler beaucoup d'encre quant à l'avenir de “l'Alliance” nouée avec Renault. Selon le journal Nikkei, le constructeur automobile japonais souhaiterait augmenter sa participation au tour de table de son actionnaire de référence, à savoir le groupe français Renault, en portant sa participation de 15% à 25% “ou plus” du capital. Confirmant la tenue de la réunion, Nissan n'a guère donné de précision, en se contentant d'indiquer qu'il n'envisageait pas d'augmenter son propre capital.

En prenant 1,8% à 97,2 euros, l'action Renault compte ce matin à Paris parmi les plus fortes hausses d'un CAC 40 en baisse de 0,2%.

Rappelons que Renault est, depuis la fin des années 90, grimpé au capital de Nissan au point de détenir aujourd'hui 43,4% des actions Nissan, et autant des droits de vote. Mais ce dernier ne possède en contrepartie que 15% de Renault, via des titres qui sont privés de voix tant que Renault détient plus de 40% de Nissan.

L'affaire est d'importance pour l'organisation de l'Alliance : 'Selon le droit des sociétés du Japon, Renault perdrait ses 43,4% des droits de vote au sein de Nissan si son capital était détenu au quart par son partenaire nippon', affirme le Nikkei. Notons que le Wall Street Journal confirme ces informations du Nikkei.

Le Nikkei indique que cette manoeuvre de Nissan serait destinée à contrer l'augmentation rampante de l'influence de l'Etat français, qui dernièrement est monté de 15% à 19,7% du capital de Renault. L'Etat compte aussi bénéficier des droits de vote doubles liés à une détention des titres concernés pendant au moins deux ans : en effet, selon la loi dite Florange, l'Etat pourrait exercer quelque 28% des droits de vote de Renault à partir d'avril 2016.

'Nissan a demandé à l'Etat français de faire revenir sa participation de 19,7% à 15%', rappelle le Nikkei.

Ce n'est pas tout : selon le Nikkei, le conseil d'administration de Nissan a 'apparemment décidé de faire disparaître' (notons que le Nikkei est donc prudent à ce sujet) la règle interne voulant que les opérations capitalistiques importantes, comme l'éventuelle vente par Nissan de ses actions Renault ou une augmentation de capital du japonais, soit avalisées par Renault.

Cela étant, les autres modalités de 'l'Alliance' Renault-Nissan restent inchangées, affirme le Nikkei.

Au final, Nissan n'aurait pas l'intention de remettre en cause l'Alliance, mais il craint que l'application de la loi Florange n'en déstabilise les termes en faveur de l'Etat français, qui suit un calendrier lui étant propre, indique enfin le Nikkei.

Par un communiqué laconique, Nissan a réagi à l'article du journal japonais en confirmant la tenue du conseil d'administration, qui a évoqué 'toute une série de sujets, dont les questions entourant la structure actionnariale de l'Alliance' formée par Renault et Nissan.

Nissan a ajouté qu'il n'a pas l'intention d'augmenter son capital (et ainsi, sous réserves des conditions, de diluer Renault) 'et n'a rien de plus à annoncer à propos de ces échanges'.

Selon le Wall Street Journal, un conseil d'administration de Renault devrait intervenir le 11 décembre prochain. A suivre.

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