L'équipementier allemand Bosch veut accélérer la transformation de son usine de Rodez (Aveyron), dont l'activité tourne toujours au ralenti à cause du coronavirus, un problème qui s'ajoute aux autres défis auxquels fait déjà face ce grand site d'injecteurs diesel.

"Nous sommes plus motivés que jamais pour travailler sur la diversification et avons décidé d'intensifier encore la démarche", a dit à Reuters Patrick Meillaud, directeur économique de l'usine.

Dans le cadre de la mutation du site, il vient d'annoncer aux syndicats l'ouverture de discussions sur le départ en pré-retraite de 130 salariés âgés de plus de 58 ans.

Installé depuis les années 1970 à Rodez, Bosch est le premier employeur privé du département. Le site, très dépendant d'une motorisation tombée en disgrâce depuis le dieselgate, constitue un symbole des défis qui attendent la filière.

"Au-delà du Covid, nous nous préparons à la poursuite de la décroissance structurelle du marché du diesel", a poursuivi Patrick Meillaud.

Selon l'Observatoire de la métallurgie, 10.000 à 15.000 postes sur les 37.500 que compte la filière française du diesel sont menacés à l'horizon 2030.

Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, a plaidé jeudi devant les parlementaires pour une meilleure anticipation des besoins de reconversion des structures non pérennes, comme les fonderies de fonte très liées à ce type de moteur.

Bosch Rodez a identifié plusieurs activités nouvelles - service industriels, pile à combustible - devant permettre d'offrir aux salariés jusqu'à 140 emplois d'avenir dans les prochains mois, sur un objectif de 300 fin 2021. L'usine est aussi en discussion avec plusieurs entreprises pour héberger leurs activités.

La très grande majorité des 1.400 salariés de l'usine Bosch de Rodez a désormais repris le travail, mais pas encore à temps plein puisque le site tourne à seulement 60% de ses capacités.

"Nous scrutons attentivement l'évolution du côté de nos clients constructeurs", a ajouté Patrick Meillaud. "Pour le moment, nous n'avons pas de signaux d'un retour à la normale d'ici l'été. La visibilité reste très réduite."

(Gilles Guillaume, édité par Jean-Stéphane Brosse)