* Renault espère parvenir à un accord d'ici au 13 décembre-CGT

* L'accord de compétitivité de 2013 arrive à échéance fin 2016

* Emploi et compétences au coeur des discussions

* Un des 1ers grands accords d'entreprise depuis la loi travail

par Gilles Guillaume

PARIS, 21 septembre (Reuters) - Renault débutera jeudi avec ses syndicats les discussions sur un nouveau contrat pluriannuel d'après-crise devant prendre la suite de l'accord de compétitivité de 2013.

Les négociations commenceront à Boulogne-Billancourt sous l'égide du nouveau directeur des Ressources humaines, Tristan Lormeau, nommé en mars et chargé auparavant des relations sociales du groupe à l'international.

"Grâce à l'effort de tous, Renault est aujourd'hui plus fort en France. C'est dans ce contexte et avec un état d'esprit d'ouverture et de dialogue que commence cette nouvelle période de négociations qui portera l'ambition de Renault en France pour les années à venir", a-t-il déclaré, cité dans un communiqué.

La CGT, seul syndicat à ne pas avoir signé l'accord de 2013, ne partage pas ce constat. Elle estime que la baisse des effectifs permanents et le recours croissant aux prestataires et intérimaires a contribué à dégrader les conditions de travail et la qualité de la production sur certaines chaînes.

"Nous ne sommes plus aujourd'hui en situation de crise, comme on nous l'avait vendu il y a trois ans", déclare Fabien Gache, délégué syndical central CGT chez Renault. "Chacun se dit qu'il va falloir des moyens pour faire face à la demande, en investissements et en emplois."

La CGT n'exclut d'ailleurs pas de signer cette fois le texte si une partie de ses revendications sont satisfaites. Elle demande 14.000 embauches en trois ans, le retour des augmentations générales de salaires et la modification des critères d'attribution de la rémunération des dirigeants, le PDG Carlos Ghosn en tête.

Le contrat "pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France", conclu en mars 2013, était axé sur la compétitivité à un moment où la chute du marché automobile européen avait manqué d'emporter PSA.

En échange d'environ 8.000 suppressions de postes par départs naturels, une augmentation du temps de travail dans les usines, une plus grande flexibilité dans l'organisation et une modération salariale, Renault s'était engagé à maintenir ses sites en France, à y augmenter de 50% ses volumes de production et à y affecter des productions nouvelles, comme la Nissan Micra qui arrive à Flins (Yvelines).

"Les nouvelles discussions vont tourner autour de la manière de pérenniser cette situation", déclare de son côté Bruno Aziere, délégué syndical central CGC, premier syndicat de Renault. "Comment rester compétitif si le marché change ou si les modèles changent."

FLEXIBILITÉ ET NOUVEAUX MÉTIERS

La flexibilité pour répondre aux variations de la demande restera d'actualité, comme l'a prouvé l'accord de compétitivité signé par Renault en Espagne pas plus tard qu'en avril, et dans une moindre mesure le nouveau contrat social conclu en juillet chez PSA, mais le marché européen a repris des couleurs et les thèmes de discussion seront plus ouverts et plus qualitatifs.

Le groupe au losange, dont le plan stratégique "Drive the change" prend également fin en 2017, a fait état au premier semestre de ventes en volume records et d'une marge opérationnelle au plus haut depuis au moins 16 ans.

"Renault doit recruter, mais selon des besoins qui évoluent à toute vitesse", poursuit Bruno Aziere. "La question des compétences et des évolutions de carrière devrait occuper une place centrale."

Outre la révolution numérique, qui touche tous les secteurs de l'économie, l'industrie automobile s'ouvre rapidement à de nouveaux métiers liés à l'électrification des moteurs ou au rôle croissant que jouent les logiciels à bord des véhicules. Dans les usines, les opérateurs devront aussi apprendre prochainement à gérer des robots collaboratifs.

Selon la CGT, les réunions de travail devraient s'enchaîner tous les quinze jours jusqu'au 13 décembre, date à laquelle la direction aimerait parvenir à un accord.

Les discussions chez Renault représentent aussi un enjeu plus large, puisqu'il s'agira d'un des premiers grands accords d'entreprise depuis la promulgation de la loi travail, qui consacre la primauté de ce type d'accord sur la convention de branche en matière de durée du travail. La quasi-totalité des décrets d'application doit être publiée d'ici la fin de l'année, quand expirera l'accord Renault en cours. (Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)