PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le nouveau directeur général de Renault, Luca de Meo, a livré vendredi ses premières pistes pour redresser le constructeur automobile, qui a accusé au premier semestre une perte de plus de 7 milliards d'euros, la plus importante de son histoire, en raison de la crise sanitaire et de la contribution de Nissan.

"La situation est sans précédent, elle n'est pas sans appel", a affirmé Luca de Meo. "La bonne nouvelle est que Renault reste toujours une entreprise de qualité", a-t-il assuré devant les analystes, ajoutant que les résultats du premier semestre marquait un point bas pour le groupe.

Se tournant vers l'avenir, l'ex-numéro un de Seat a résumé sa vision en une idée : "nous devons faire passer l'ensemble du système [de Renault, ndlr] des volumes vers la valeur".

Dans cette optique, Luca de Meo va élaborer un nouveau plan stratégique qui sera présenté au plus tard en janvier 2021. "Je vous assure que ce plan ne sera pas une simple liste de voeux pieux mais une somme d'actions qui seront déjà décidées et organisées", a insisté Luca de Meo.

Recentrage en vue sur l'Europe

Cette nouvelle feuille de route comportera trois phases étalées sur six à sept années, a indiqué le dirigeant. Le plan de réduction des coûts fixes de plus de 2 milliards d'euros s'intégrera à ce plan stratégique qui comportera trois autres axes : les coûts variables, la gestion des revenus et l'amélioration de la trésorerie.

Le pilote de Renault va notamment travailler à définir un nouveau plan produits qui doit délivrer ses effets d'ici à 2022-2023. Luca de Meo a donné quelques indices en expliquant que Renault devait déplacer vers le haut le "centre de gravité" de sa gamme, en se renforçant sur des voitures de plus grande taille. Le dirigeant a cité le segment C, celui des monospaces compacts, où les modèles Kadjar et Koleos de Renault n'enregistrent pas suffisamment de volumes. Le directeur général du groupe au losange a également jugé qu'il était temps pour Dacia "de briller en tant que marque à part entière".

En attendant la présentation de ce plan stratégique, Luca de Meo a indiqué avoir déjà tenu des réunions où il a examiné le portefeuille de produits du groupe pour l'orienter vers les marchés et les segments où "il y a de l'argent". "Je pense que nous avons pris plus de décisions sur les produits lors des quatre dernières semaines qu'au cours des deux dernières années", a-t-il affirmé.

Luca de Meo a aussi souligné la nécessité pour Renault de se focaliser sur l'Europe. Dans cette optique, le groupe rationalisera l'allocation de ses ressources et les limitera dans les régions où les perspectives sont moins favorables. La directrice financière, Clotilde Delbos, a cité l'Amérique du Sud.

La route vers le redressement s'annonce toutefois ardue pour Renault qui a publié la plus lourde perte de son histoire au premier semestre. Le groupe a essuyé une perte nette part du groupe de 7,3 milliards d'euros, contre un bénéfice de 970 millions d'euros sur la même période de 2019.

Pas de nouvelles prévisions pour 2020

Le résultat net du groupe a notamment pâti d'une contribution négative des résultats de Nissan de 4,8 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires s'est établi à 18,4 milliards d'euros, en baisse de 34,3% sur un an en données publiées et de 32,9% à taux de change constants.

Renault a également publié une perte d'exploitation de 2 milliards d'euros, contre un bénéfice d'exploitation de 1,5 milliard d'euros un an plus tôt.

Selon le consensus réalisé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur une perte nette de 5,3 milliards d'euros, une perte d'exploitation de 1,2 milliard d'euros et un chiffre d'affaires de 17,7 milliards d'euros.

En Bourse, l'action Renault perdait 5,6% à 22,65 euros à la suite de la publication de ces résultats.

Concernant ses perspectives, Renault a indiqué "ne pas être en mesure de fournir une prévision de résultat fiable pour l'exercice", compte tenu des incertitudes pesant sur la situation sanitaire. Le groupe avait suspendu en mars ses précédents objectifs pour 2020.

Renault a toutefois confirmé vouloir réduire ses coûts fixes de 600 millions d'euros cette année, soit 30% du plan de réduction des coûts fixes de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans, dévoilé en mai. Ce plan se traduira par la suppression de près de 4.600 postes en France et plus de 10.000 postes dans le reste du monde.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV

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