(Actualisation: position de Renault, déclarations d'Emmanuel Macron, précisions sur la participation de l'Etat et de Nissan, contexte.)

L'Etat français a réussi jeudi, lors de l'assemblée générale de Renault (>> Renault), à empêcher l'adoption d'une résolution qui l'aurait privé de droits de vote doubles au sein du constructeur automobile.

Cette résolution sur le maintien de droits de vote simples chez Renault n'a recueilli que 60,5% des voix, alors que la majorité des deux tiers était nécessaire pour son adoption.

Le résultat du vote signifie que Renault appliquera la loi "Florange", adoptée en 2014, qui prévoit que tout actionnaire détenant des actions d'une entreprise depuis au moins deux ans se voie accorder des droits de vote doubles.

L'Etat avait annoncé le 8 avril qu'il avait décidé de relever sa participation dans Renault à près de 20% du capital, afin de soutenir l'adoption de droits de vote doubles pour les actionnaires les plus anciens du constructeur automobile à l'occasion de l'assemblée générale du 30 avril.

"C'est une bonne nouvelle, et c'est important, d'abord parce que c'est cohérent avec la volonté qui est la nôtre de défendre un capitalisme de long terme", a réagi le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, après l'assemblée générale. La loi Florange "sera appliquée comme elle est appliquée dans 23 sociétés du CAC 40", a ajouté le responsable.

Renault inquiet pour l'alliance avec Nissan

Quelques minutes avant le début de l'assemblée générale, Renault avait réaffirmé son opposition à l'adoption de droits de vote doubles, soucieux de préserver l'équilibre entre l'Etat et le japonais Nissan Motor (>> Nissan Motor Co Ltd), qui est également actionnaire du groupe français.

"Nissan a fait savoir que cela perturberait l'équilibre de l'alliance [entre le groupe japonais et Renault]; Daimler (>> Daimler AG), qui participe aussi à l'alliance a exprimé la même préoccupation", a indiqué le groupe dans un commmuniqué. L'allemand Damler détient une participation de 3,1% dans Renault.

"La très large majorité du conseil" d'aministration de Renault soutient la résolution sur le maintien de droits de vote simples, a ajouté le groupe, tout en reconnaissant que celle-ci avait peu de chances d'être adoptée compte tenu de la récente augmentation de la participation de l'Etat.

Dans le cadre de l'alliance entre Renault et Nissan, formée en 1999, le constructeur japonais détient 15% du capital du français mais n'a aucun droit de vote. Renault détient de son côté une participation de 43% dans Nissan avec les droits de vote correspondants.

La volonté de l'Etat de renforcer son influence au sein du groupe a donné lieu à une passe d'armes entre la direction du groupe et le gouvernement, en amont de l'assemblée générale. Carlos Ghosn, le PDG de Renault et Nissan, a reproché au gouvernement de menacer l'alliance entre les deux groupes, tandis que le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a affirmé défendre un modèle de "capitalisme responsable" donnant plus de pouvoir aux actionnaires de long terme.

Le gouvernement a dépensé 1,23 milliard d'euros pour accroître la participation de l'Etat dans Renault. Il a indiqué qu'il revendrait ses nouvelles actions au cours des mois suivant l'assemblée générale et que dans ce but, il avait acquis des options auprès de son courtier, Deutsche Bank (>> Deutsche Bank AG).

-Jason Chow, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher) ed/EC

Valeurs citées dans l'article : Renault, Deutsche Bank AG, Daimler AG, Nissan Motor Co Ltd