"On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre". En cette période morose pour les métaux de base, les multinationales du secteur semblent avoir fait leur cette maxime populaire. Après BHP Billiton, c'est au tour de son rival Rio Tinto de promettre un généreux dividende à ses actionnaires. De la sorte, le groupe anglo-australien espère soutenir son cours de Bourse (-11% depuis le début de l'année) mais surtout s'attirer les bonnes grâces de son principal actionnaire, le géant chinois Chinalco (10%). C'est sans doute à ce prix que Rio Tinto pourra résister à la prochaine offensive de Glencore.

Après une première tentative de fusion repoussée par Rio Tinto en août dernier, Glencore peaufine sa stratégie pour écarter la possibilité d'un second refus. Une telle fusion donnerait naissance à un mastodonte de 160 milliards de dollars en bourse, plus important que BHP

Pour rafler la mise, le PDG du géant des mines et du négoce, Ivan Glasenberg aurait promis à Chinalco deux actifs majeurs : le gisement de cuivre et d'or d'Oyou Tolgoï en Mongolie (évalué à 6 milliards de dollars) et le projet (greenfield) de fer de Simandou en Guinée (20 milliards de dollars). Glencore avait déjà orchestré un accord similaire pour séduire les actionnaires Chinois au cours de la prise de contrôle de Xstrata, soulignait "L'usine Nouvelle".

Pour l'instant, Chinalco est lourdement perdant sur sa participation dans Rio Tinto, acquise en février 2008 pour 600 pence par action, soit le double du cours actuel de Rio à la Bourse de Londres, dans le but de bloquer une offre de 127 milliards de dollars de BHP Billiton

C'est donc bien pour ne pas connaître le même sort qu'Xstrata que Rio Tinto a annoncé ce matin le report d'un projet d'un milliard de dollars en Australie et une nouvelle baisse de ses dépenses, sa priorité allant à l'augmentation de la distribution de liquidités aux actionnaires.

Dans une note publiée ce matin, Société Générale rappelle que si loi britannique interdit à Glencore une nouvelle approche avant avril 2015, la compagnie anglo-suisse a fait du rachat de Rio Tinto, qui produit à bas coût du minerai de fer de haute qualité, sa priorité. Le minerai de fer est pour l'instant le point faible du portefeuille d'actifs miniers de Glencore, qui détient des positions solides dans le cuivre, le nickel, le zinc et le charbon.

Dans ce cadre, le broker s'attend à ce que Rio Tinto renforce encore son retour à l'actionnaire, par le versement d'un dividende exceptionnel et/ou un vaste programme de rachat d'actions.