Bâle(awp) - Shire a obtenu d'un tribunal allemand une injonction préliminaire contre Roche, empêchant temporairement la propagation d'informations jugées par le laboratoire britannique "incomplètes et erronées" sur le traitement expérimental ACE910 (emicizumab) de ce dernier contre l'hémophilie A. La multinationale rhénane pour sa part campe sur ses conclusions publiées fin juin et tirées d'une étude clinique de phase III.

Dans une prise de position lundi, dont AWP a pu prendre connaissance, Roche défend également son protocole de recherche. "Nous sommes enthousiastes de prendre part au congrès de l'ISHT (International Society on Thrombosis and Haemostasis) et de pouvoir mener un dialogue scientifique sur les résultats de l'étude de phase III Haven 1 sur l'emicizumab", poursuit le texte. Le congrès de l'ISHT se tient du 8 au 13 juin à Berlin.

Shire reproche en particulier à Roche d'avoir expliqué que "tous les effets indésirables sérieux" observés lors de cette étude l'avaient été lorsque des doses élevées de concentré complexe de prothrombine activé (aPCC) avaient été administrées parallèlement à l'emicizumab. Le groupe pharmaceutique irlandais entend aussi faire corriger les assertions de Roche au sujet du critère secondaire de son étude, à savoir les saignements traités, en comparaison avec le critère premier établi pour cette étude sur la fréquence des saignements.

Le groupe estime au passage que les conclusions de Roche dénigrent son propre agent by-passant FEIBA (anti-inhibiteur de complexe coagulant) et déplore la fin de non recevoir opposée par le géant bâlois à ses nombreuses demande de conciliation.

ATTAQUES À RÉPÉTITION

Chugai et Genentech, filiales de Roche, font déjà depuis mai dernier l'objet d'une plainte aux Etats-Unis déposée par Baxalta, propriété de Shire depuis janvier 2016, pour violation de brevet sur l'emicizumab. Chugai avait alors fait part de son intention de combattre vigoureusement ces accusations.

En février, Roche avait reconnu le décès d'un patient dans le cadre de son étude Haven 1. Les conclusions préliminaires du laboratoire suite à cet évènement pointaient vers un traitement d'hémorragie rendu compliqué par le refus du patient de se soumettre à une transfusion sanguine.

Credit Suisse rappelle dans un commentaire que les données présentées penchent clairement en faveur du candidat de Roche et anticipe - en cas d'homologation - que la marque à l'hexagone bleu viendra empiéter sur les plates-bandes de son concurrent britannique. Pour autant, la banque aux deux voiles n'exclut pas que l'incident survenu en phase III vienne compliquer encore des négociations déjà complexes avec les régulateurs.

Si la corrélation des effets secondaires observés avec l'administration de la substance de Shire devait être confirmée, elle constituerait un nouvel avantage pour l'emicizumab et un sérieux revers pour le FEIBA.

Les analystes déplorent dans l'immédiat l'incertitude entourant désormais la tenue - ou non - d'une présentation des dernières données obtenues par Roche avec l'ACE910 lundi prochain à Berlin.

A 10h10, le bon de jouissance de Roche prenait 0,8% à 242,30 CHF, dans un SMI en hausse de 0,61%.

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