Bâle (awp) - Le laboratoire Roche a réalisé entre janvier et septembre 2017 un chiffre d'affaires consolidé de 39,43 mrd CHF, en hausse de 5% aussi bien en francs suisses suisses qu'à taux de change constants (TCC), conformément aux objectifs formulés lors de la publication des chiffres semestriels. Dans son partiel publié jeudi, le colosse rhénan confirme ses prévisions pour l'exercice en cours.

La division Pharma, qui représente plus de trois quarts des recettes du groupe, a vu ses ventes s'étoffer de 5% en comparaison annuelle, à 30,64 mrd CHF, une croissance portée principalement par les Etats-Unis (+10% à 15,27 mrd).

La division Diagnostics a généré 8,80 mrd CHF sur les neuf premiers mois de l'année, soit 5% de mieux qu'en 2016. Avec un bond de 13%, le domaine de l'immunodiagnostic a fortement participé à cette performance.

La copie présentée par la multinationale bâloise est quasiment conforme aux projections des analystes consultés par AWP, dépassant très légèrement les attentes à tous les niveaux.

"Cette croissance est, dans une large mesure, à mettre à l'actif des lancements de nouveaux produits thérapeutiques", a affirmé le directeur général (CEO) du groupe, Severin Schwan, cité dans un communiqué.

En effet, trois nouveaux médicaments - Ocrevus, contre la sclérose en plaques (SEP), ainsi que les anticancéreux, Tecentriq et Alecensa - ont généré à eux seuls 0,9 mrd CHF de recettes supplémentaires, soit près de 60% de la croissance de la division Pharma.

LES MOTEURS TOUSSOTENT

Au contraire, les principaux moteurs de ventes de la multinationale rhénane ont vu leur croissance s'effriter, sous l'effet notamment de l'arrivée de biosimilaires sur le marché européen. C'est le cas de MabThera/Rituxan et de Herceptin, qui affichent tous deux encore une progression de 2%, alors qu'Avastin s'inscrit d'ores et déjà en repli (-2%).

"Sur la base de la forte croissance de nos deux divisions (...) je suis convaincu que nous atteindrons nos objectifs pour l'ensemble de l'année", a assuré le patron de Roche Severin Schwan, qui vise une croissance des ventes de l'ordre de 5% TCC pour l'exercice en cours et une progression similaire du bénéfice par action.

Le directeur général (CEO) demeure confiant dans la capacité de son groupe à compenser le manque à gagner généré les biosimilaires au cours des prochaines années. En conférence téléphonique, Severin Schwan s'est toutefois refusé à détailler les implications de cette stratégie sur la rentabilité du géant pharmaceutique rhénan, renvoyant pour ce faire à février 2018 et à l'établissement de "perspectives officielles" à court terme.

Le timonier du paquebot pharmaceutique a de surcroît prévenu que la période de transition engendrée par l'arrivée à échéance des licences pour plusieurs des produits phares s'étendrait bien au delà de l'exercice 2018. Il faudra selon M. Schwan environ trois ans pour que Roche puisse à niveau naviguer dans des eaux moins agitées.

PRESSION ACCRUE DES BIOSIMILAIRES

En Europe, les ventes trimestrielles de Rituxan ont souffert de l'introduction sur le marché de biosimilaires, mais cela était attendu et la tendance devrait se poursuivre. Pour Herceptin, le responsable de la division Pharma Daniel O'Day a dit s'attendre à une pression accrue des biosimilaires au 4e trimestre et surtout à partir de 2018.

Dans son ensemble, la communauté financière salue la performance du colosse bâlois, en particulier celle des nouveaux médicaments, mais le recul plus important qu'escompté des fers de lance du groupe a laissé les analystes songeurs.

Vontobel évoque une performance robuste et se montre impressionné par les bons débuts d'Ocrevus. Jefferies relève que les ventes du nouveau traitement de Roche contre la SEP ont largement dépassé les attentes et considère que la moyenne des estimations est trop basse pour 2018 et au-delà.

Baader Helvea souligne l'impact des biosimilaires en Europe, qui se solde déjà par une chute de 16% des ventes de Rituxan, près de trois fois plus que prévu. Selon le courtier genevois, l'étude IMpower 150 sera décisive pour la croissance future de Roche.

Même son de cloche du côté de Deutsche Bank, qui s'inquiète de l'importance du recul des ventes de Rituxan en Europe, étant donné que la concurrence avec les biosimilaires n'en est qu'à ses balbutiements, signale le géant allemand dans son commentaire.

A la Bourse suisse, le bon de jouissance Roche a subi l'humeur des investisseurs, finissant lanterne rouge sur une perte de 2,3% à 238,60 CHF dans un SMI en repli de 0,82%.

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