Bâle (awp) - Roche a reconnu mercredi l'échec de l'étude clinique de phase III Imvigor211 sur le médicament Tecentriq (atezolizumab), dans l'indication en seconde ligne contre le cancer urothélial métastasique ou avancé (mUC). L'immunothérapie n'a pas comblé son critère primaire d'évaluation, à savoir une extension du taux de survie des patients précédemment traités avec une chimiothérapie à base de platine.

Les analystes ont évoqué un revers relatif pour le colosse bâlois, les perspectives de rentabilité de la substance résidant plutôt dans d'autres indications.

La substance a récemment obtenu une homologation conditionnelle de la part de l'Agence sanitaire américaine (FDA) dans l'indication contre le mUC pour les patients chez lesquels la maladie avait progressé en dépit d'une chimiothérapie, après avoir déjà décroché une autorisation de prescription provisoire en première ligne pour les patients non éligibles à une chimiothérapie.

Le mastodonte pharmaceutique rhénan souligne dans son communiqué mener ou prévoir une trentaine d'études sur le Tecentriq, dont une bonne moitié sont ou seront des phases III pour des indications oncologiques diverses, dont les cancers des poumons, des reins, de la peau, colorectal, de la prostate, des ovaires ou encore des leucémies.

DÉCONVENUE RELATIVE

L'échec du Tecentriq en seconde ligne de traitement du cancer de la vessie n'aura qu'un impact mesuré sur le potentiel commercial de ce médicament, plutôt lié à une éventuelle confirmation de son efficacité thérapeutique contre le cancer des poumons non à petites cellules (SNCLC), avance Baader Helvea.

Le courtier genevois anticipe néanmoins une suspension de l'autorisation conditionnelle accordée récemment par l'Agence sanitaire américaine (FDA) pour le traitement en seconde ligne du cancer urothélial et s'apprête à ajuster sa modélisation de revenus pour le Tecentriq. Cette indication devait jusque là rapporter quelque 300 mio USD au groupe rhénan, qui lui auraient permis de compenser pour l'expiration du brevet pour le Tamiflu et la concurrence des biosimilaires du Rituxan.

Vontobel souligne que le laboratoire au losange bleu n'a pas encore déposé de demande d'homologation pour le Tecentriq sur le Vieux continent, attendant les résultats d'une autre étude de phase III pour ce faire. L'établissement zurichois, qui prévoyait déjà des revenus pour cette substance hors Etats-Unis, biffe pour l'heure ces projections de sa modélisation.

Roche attribue l'échec à une réaction meilleure qu'escompté du groupe témoin à sa chimiothérapie, tandis que les résultats observés avec le Tecentriq se sont avérés sans surprise, relève Jefferies.

La banque d'affaires rappelle au passage que le Keytruda pour lequel le concurrent Merck cherche à obtenir un accès au marché a, lui, rempli le critère primaire que n'a pu atteindre le Tecentriq. L'établissement américain n'en maintient pas moins la projection de chiffre d'affaires maximal de 750 mio USD pour le Tecentriq contre l'ensemble des cancers de la vessie.

Sans s'affoler, Deutsche Bank évoque les risques du métier de développeur médicamenteux et anticipe un éphémère accès de faiblesse du cours de Roche.

L'étude n'a pas mis au jour de mauvaises surprises en matière de sécurité du Tecentriq, dont les effets indésirables demeurent moins graves que ceux d'une chimiothérapie, note Morgan Stanley. Le mastodonte bancaire estime que les résultats décevants n'auront aucun impact sensible sur les ventes aux Etats-Unis, mais se pose des questions sur celles en Europe comme sur la nature de la notice que le laboratoire devra apposer sur ses emballages. Le potentiel de revenus sur l'année en cours demeure devisé à 612 mio CHF.

A la Bourse suisse, le bon de jouissance Roche a terminé la séance en baisse de 1,8% à 267,60 CHF, dans un SMI en repli de 0,26%.

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