Bâle (awp) - Roche a enregistré sur la première moitié de l'exercice 2016 une hausse sensible de son chiffre d'affaires. Excédent d'exploitation et bénéfice ont suivi dans une moindre mesure, freinés par l'explosion des frais de recherche et de développement notamment. Les analystes saluent une performance robuste bien qu'attendue, tandis que les investisseurs semblaient tabler sur mieux.

Les revenus ont progressé de 6% en comparaison annuelle, pour atteindre 25,02 mrd CHF. Les deux divisions, Pharma et Diagnostics, ont participé à parts égales à cette progression. Le bénéfice net a pour sa part gagné 4% à 5,47 mrd CHF, a annoncé jeudi le laboratoire.

Le bénéfice par bon de jouissance (BPBJ) de base a crû de 7% à 7,74 CHF. Au niveau opérationnel, l'excédent d'exploitation (Ebit) de base s'est inscrit à 9,85 mrd CHF, détaille le laboratoire rhénan dans son rapport intermédiaire.

Les frais de recherche et débveloppement ont été multipliés par près de sept à 4,62 mrd CHF, tandis que les débenses de marketing et de distribution ont plus que doublé à 3,05 mrd CHF.

RANÇON DU SUCCÈS

"Nous avons introduit au cours de douze derniers mois cinq nouveaux médicaments sur le marché. Ce n'était encore jamais arrivé dans l'histoire de Roche", s'est félicité le directeur général (CEO) Severin Schwan en conférence téléphonique.

Les nombreux lancements de produits et les requêtes d'homologation ont généré des frais importants, a reconnu en conférence de presse Daniel O'Day, en charge de l'unité Pharma. L'augmentation de ces dépenses devrait se poursuivre sur la seconde moitié de l'année, à un rythme moindre toutefois.

Par unité d'entreprise, les revenus de Pharma se sont inscrits à 19,46 mrd CHF et ceux de Diagnostics à 5,56 mrd CHF.

La performance s'inscrit dans le haut de la fourchette des prévisions des analystes, à l'exception des ventes de l'unité Diagnostics. Le consensus articulait au niveau du groupe un chiffre d'affaires de 24,79 mrd CHF, réparti entre 19,32 mrd CHF pour Pharma et 5,50 mrd CHF pour Diagnostics. L'Ebit de base était attendu à 9,53 mrd CHF et le BPBJ de base à 7,55 CHF.

Les résultats "de base" excluent tout élément jugé exceptionnel, tels que plans de restructuration, acquisitions, cessions ou fusions, frais de justice, amortissements et autres correctifs de valeur notamment.

PROGRESSION SUR UN LARGE FRONT

Dans les activités médicamenteuses, l'antileucémique Mabthera/Rituxan est demeuré le principal moteur de ventes avec 3,70 mrd CHF (+4%), devant les anti-cancéreux Herceptin (+5% à 3,43 mrd CHF) et Avastin (+4% à 3,43 mrd CHF). Le Tecentriq, au bénéfice d'une autorisation provisoire de prescription depuis mi-mai aux Etats-Unis contre certains types de cancer de la vessie, a généré des revenus de 19 mio CHF.

Au sein de Diagnostics, la subdivision Professional a enregistré une croissance de 9% à 3,23 mrd CHF, tandis que Diabetes Care a continué à souffrir (-4% à 998 mio CHF) en raison de pressions tarifaires aux Etats-Unis. Molecular Diagnostics a progressé de 8% à 903 mio CHF et Tissue Diagnostics de 12% à 428 mio CHF.

La direction reconduit ses objectifs de chiffre d'affaires et de bénéfice pour l'année en cours et entend toujours augmenter la rémunération de ses actionnaires.

Revenant sur le récent échec en phase III essuyé par le Gazyva contre une forme spécifique de leucémie, M. Schwan a reconnu que cette déconvenue ouvrait la porte à un risque de concurrence par des biosimilaires sur l'actuelle franchise du Mabthera. Le patron a assuré que les succès rencontrés dans d'autres études avec le successeur annoncé du moteur de vente permettaient d'assurer environ 70% du chiffre d'affaires de ce dernier.

"Nous ne pourrons pas toujours combattre chaque nouveau biosimilaire avec des innovations de notre crû", a toutefois prévenu le grand timonier.

ANALYSTES BLASÉS

Les analystes accueillent une nouvelle performance robuste, mais sans grande surprise. "Sérieux comme d'habitude", résume ainsi Bernstein. La banque d'investissement new-yorkaise relève que le dépassement des attentes répond à des facteurs exceptionnels liés à la caisse de pension. Natixis salue nonobstant une accélération sensible au deuxième trimestre.

Roche a dégagé une rentabilité convaincante au premier semestre, malgré des dépenses de recherche et développement toujours élevées en immuno-oncologie, notent la Banque cantonale de Zurich (ZKB) et Vontobel.

A l'exception de Kepler Cheuvreux, qui conserve une position neutre sur le titre, les analystes campent sur leurs recommandations d'achat avec plus ou moins de conviction en raison de la menace que font peser les biosimilaires sur le long terme. Les objectifs de cours s'échelonnent entre 242 et 314 CHF.

A la Bourse, le bon de jouissance Roche a clôturé à 250 CHF (-1,19%). L'indice SMI des valeurs vedettes a terminé dans le rouge (-0,18%).

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