Morges (awp) - Romande Energie a connu un exercice 2017 difficile, marqué par le recul des recettes et surtout de la performance opérationnelle, en raison de la baisse des tarifs de l'électricité, de la consommation et de la production d'énergie. L'énergéticien vaudois n'évite la contraction de son résultat net qu'à la faveur d'un effet fiscal. Face à l'ouverture pressentie des marchés, il poursuit ses efforts de diversification moyennant un programme d'investissements massif.

Le chiffre d'affaires net du groupe s'est contracté de 4,4% à 575 millions de francs suisses. En cause, la baisse - de 2% en moyenne - des tarifs du kilowattheure (kWh), associée aux températures clémentes, qui se sont traduites par une consommation moindre, explique le groupe lundi dans un communiqué.

Le recul des recettes s'explique également par la baisse du rendement autorisé sur les capitaux investis dans le réseau électrique, ramené à 3,8% en 2017 sur décision du Conseil fédéral, contre 4,7% en 2016. Les activités de transport et d'énergie sur les réseaux (timbre d'acheminement) se sont ainsi vu grevées de 7 millions de francs suisses (-5,0%).

ADVERSITÉ MÉTÉOROLOGIQUE

Les conditions climatiques ont aussi pesé sur les capacités de production. Celle-ci a chuté de près d'un tiers (-29,5%) en raison de la très faible hydraulicité. La production propre ne couvrant plus que 12,9% des besoins énergétiques de la clientèle du groupe, celui-ci a été contraint d'effectuer des achats complémentaires sur le marché court terme.

Le repli de la marge brute opérationnelle et la hausse des charges de personnel ont débouché sur un recul de 11,4% de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda), ramené à 134 millions de francs suisses. Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) a fondu de plus d'un cinquième.

La part au résultat net des sociétés associées s'est soldée par une perte de 1,5 millions, contre un gain de 29,5 millions un an plus tôt. A elle seule, la participation indirecte de 9% détenue dans le groupe Alpiq, via les 30% détenus par le groupe dans EOS, a eu un impact négatif d'environ 9 millions de francs suisses.

Pour le moment toutefois, la vente de cette participation n'est pas à l'ordre du jour. "D'une part, elle ne dépend pas de nous mais d'EOS, et par ailleurs, il faudrait trouver un repreneur, ce qui n'est pas chose facile", a fait remarquer à Lausanne lors de la conférence de bilan le directeur général (CEO) Pierre-Alain Urech.

EFFET FISCAL SALVATEUR

La décision du Conseil d'État vaudois de maintenir l'entrée en vigueur de la réforme sur l'imposition des entreprises (RIE III) avec effet au 1er janvier 2019 provoque la reconnaissance d'un crédit d'impôt différé de 45 millions de francs suisses, ce qui permet au groupe de boucler l'exercice sous revue sur un bénéfice net de 121 millions, en hausse de 6,1%. Les actionnaires se verront proposer un dividende inchangé de 36 francs suisses par action.

Pour l'année en cours, la direction de Romande Energie table sur des résultats opérationnels, hors effets exceptionnels, similaires à ceux réalisés en 2017. Il est donc clair qu'au niveau net, il faut s'attendre à un recul significatif en 2018, a concédé le patron du groupe.

Reste que le contexte politique actuel "reste incertain quant à une possible ouverture totale du marché de l'électricité", estime l'entreprise, qui déplore le niveau actuel des prix, "insuffisants pour assurer la rentabilité d'une grande partie des ouvrages hydroélectriques suisses". M. Urech a dit ne pas s'attendre à une amélioration sur ce front dans un futur proche.

Le groupe veut poursuivre sa stratégie de croissance dans le secteur des services énergétiques, dans lequel il prévoit des investissements à hauteur de 142 millions de francs suisses, sur les 950 millions prévus dans le cadre de sa nouvelle stratégie sur cinq ans (2018-2023).

EFFECTIFS RENFORCÉS DANS LES SERVICES

D'ici 2020, les effectifs de cette unité devraient atteindre 400 personnes, selon M. Urech. En 2017, ils avaient déjà bondi de moitié pour s'établir juste en dessous de 150 collaborateurs. La part des services à la performance du groupe du groupe reste modeste, avec seulement 6% des recettes nettes et une contribution négative de 0,2 millions à l'Ebit.

"Elle devrait être neutre en 2018 et positive à partir de 2019", a assuré M. Urech. A l'horizon 2023, le groupe vise une contribution des services à l'Ebit de 5-10% pour un chiffre d'affaires avoisinant les 100 millions de francs suisses. "La rentabilité de cette unité reste plus faible que les activités régulées, mais ce marché, complètement ouvert, ne nécessite pas de capitaux", a fait valoir le directeur financier (CFO) Denis Matthey.

A la Bourse, l'action Romande Energie a terminé en recul de 0,4% à 1200 francs suisses, tandis que le SPI a fini sur une hausse de 0,06%.

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