FRANCFORT/BERLIN, 22 août (Reuters) - Le ministère allemand de l'Economie va autoriser la cession de DEA, la filiale d'hydrocarbures de RWE, à un groupe d'investisseurs emmenés par l'oligarque russe Mikhaïl Fridman malgré les tensions avec la Russie en raison de la crise en Ukraine, a-t-on appris de deux sources proches du dossier.

Le ministère a annoncé en juin qu'il envisageait de bloquer cette opération d'un montant de 5,1 milliards d'euros, rendue publique en mars.

Le gouvernement allemand aurait pu invoquer une clause dans la législation sur le commerce extérieur lui permettant d'empêcher une opération susceptible de troubler "l'ordre et la sûreté publics". Cela aurait été sans précédent.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont infligé plusieurs trains de sanctions à la Russie, qu'ils accusent d'entretenir une rébellion séparatiste pro-russe dans l'est de l'Ukraine.

En représailles, la Russie, qui dément toute implication dans le conflit en Ukraine, a décrété un embargo sur des produits agricoles occidentaux.

Avec l'acquisition de DEA, Mikhaïl Fridman, deuxième fortune de Russie, et ses partenaires au sein du consortium Letter One vont mettre la main sur environ 190 licences ou concessions pétrolières et gazières en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

L'annonce de cette transaction en mars, au moment même où les relations entre l'UE et la Russie étaient en train de grandement se détériorer, avait suscité de vives critiques en Allemagne.

Plus du tiers du pétrole et du gaz consommés en Allemagne proviennent actuellement de Russie, pays où commercent par ailleurs plus de 6.000 entreprises allemandes.

RWE, comme les autres compagnies allemandes de services aux collectivités, peine à s'adapter à la transition énergétique en Allemagne.

La sortie annoncée du nucléaire, la concurrence des énergies renouvelables et la faiblesse de la demande d'énergie en Europe ont fait baisser de plus de moitié sa valeur boursière en quatre ans. Pour réduire son endettement - actuellement de plus de 30 milliards d'euros - le groupe cherche à réduire ses effectifs et à céder des actifs, comme DEA. (Alexander Hübner, Tom Käckenhoff et Gernot Heller; Véronique Tison et Bertrand Boucey pour le service français)