RWE (-0,27% à 29,65 euros) cédait du terrain au sein de l'indice Dax 30 après l'autorisation par le ministère allemand de l'Economie de la cession de DEA, filiale pétrolière de RWE, à un groupe d'investisseurs emmenés par l'oligarque russe Mikhaïl Fridman. Cette transaction a été annoncée au mois de mars dernier, époque à laquelle les tensions entre la Russie et l'Union européenne commençaient à poindre sur le dossier ukrainien. Des premières divergences qui avaient contraint Berlin à repousser l'officialisation de l'opération estimée à 5,1 milliards d'euros.

Cette cession, du moins le calendrier de celle-ci, avait en effet suscité de vives réactions en Allemagne dans la mesure où les relations entre l'Union européenne et la Russie commençaient à se tendre.

Relations qui se sont brutalement dégradées par la suite, l'Union européenne et les Etats-Unis infligeant plusieurs sanctions à la Russie, accusée d'entretenir une rébellion séparatiste pro-russe dans l'est de l'Ukraine.

En représailles, Moscou avait décrété, au début du mois d'août, un embargo total sur les produits agricoles occidentaux. Cependant, depuis quelques semaines, les tensions semblent s'aplanir et c'est dans ce contexte de « détente » que Berlin a décidé d'entériner l'opération.

Les conséquences de cet embargo ont suscité moult inquiétudes outre-rhin. En effet, Berlin ne peut raisonnablement s'affranchir de toute relation commerciale avec Moscou, dans la mesure où plus du tiers du pétrole et du gaz consommés en Allemagne proviennent actuellement de Russie, pays où commercent par ailleurs plus de 6 000 entreprises allemandes.

De plus, RWE qui peine à s'adapter à la transition énergétique en Allemagne, n'a guère d'autre alternative que de céder certains de ses actifs, de surcroît avec un endettement estimé à 30 milliards d'euros. La sortie du nucléaire, l'importance croissante des énergies renouvelables couplées à une baisse de la demande énergétique en Europe ont réduit de moitié en quatre ans la valeur du titre du groupe allemand en Bourse.

De leur côté, Mikhail Fridman, deuxième fortune de Russie, et ses partenaires au sein du consortium Letter One, vont, grâce à cette acquisition, mettre la main sur environ 190 licences ou concessions pétrolières et gazières en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

(S.H)