Paul J. Davies,

The Wall Street Journal

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le trading d'actions a propulsé les résultats des banques d'investissement américaines au premier trimestre, suscitant certaines attentes pour les banques européennes.

Les actionnaires de géants européens comme Barclays, Credit Suisse et Deutsche Bank, qui publieront tous leurs résultats cette semaine, auraient toutefois intérêt à rester mesurés. Il se pourrait bien, en effet, que les banques européennes ne profitent pas d'une telle remontée : certaines n'ont jamais pu compter les actions parmi leurs points forts, tandis que d'autres ont perdu des parts de marché.

Si l'accès de volatilité de février, lors duquel l'indice S&P 500 a abandonné 8,5% en à peine plus d'une semaine, a mis de nombreux investisseurs sur les nerfs, il a constitué une aubaine pour les courtiers en faisant bondir les volumes de transactions aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. A Hong Kong, les volumes de trading au premier trimestre ont quasiment doublé par rapport à la période correspondante de 2017, selon Morgan Stanley.

Les banques américaines en ont fait leur beurre : les revenus du négoce d'actions ont augmenté de plus de 25% au premier trimestre sur un an pour JPMorgan et Morgan Stanley, et bondi de près de 40% pour Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs.

Or ces gains ne sont pas uniquement liés à une plus forte activité du marché. Dans la banque d'investissement, les transactions tendent maintenant à être confiées soit aux principaux poids lourds du secteur, soit aux petites sociétés spécialisées. En Europe, les directives MiFID I et II sur les produits d'investissement financiers encouragent cette consolidation. Le trading électronique monte en puissance et le coût des transactions doit faire l'objet d'une plus grande transparence, facteurs qui incitent les gérants d'actifs sous pression à négocier avec un nombre de banques plus restreint et à les payer moins.

Les grandes banques américaines, qui ont pu absorber plus rapidement les coûts de la crise financière, ont été en mesure d'investir massivement dans des technologies et des équipements informatiques plus avancés, alors que les géants européens du secteur doivent encore mener à bien leurs plans de restructuration.

JPMorgan, entre autres, estime que tous ces éléments lui ont permis de gagner des parts de marché en Europe. Sa directrice financière, Marianne Lake, a déclaré voilà une dizaine de jours que la banque gagnait du terrain dans le courtage électronique, le courtage téléphonique classique et le négoce de dérivés d'actions avec les hedge funds.

Les banques européennes qui ont développé de solides activités de trading d'actions -- et qui ont soit entrepris une restructuration plus rapidement, soit eu moins de changements à réaliser -- pourraient tout à fait enregistrer une hausse sensible de leurs revenus. Les analystes de Morgan Stanley misent notamment sur UBS et Société Générale.

Pour les autres, en revanche, et pour Deutsche Bank en particulier, la progression sur ce segment des banques américaines est sans doute plus représentative d'une part de marché perdue que d'un rebond dont elles pourraient elles aussi profiter.

-Paul J. Davies, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : VLV