Certes, l'indice S&P500 est toujours proche de ses sommets historiques à six semaines de l'élection présidentielle américaine. Mais, pour Stefan Kreuzkamp, directeur des gestions de Deutsche Asset Management, il ne faut pas pour autant en déduire que les jeux sont faits et que la Maison Blanche restera aux Démocrates avec Clinton. En fait, la dernière ligne droite qui s'ouvre avant le scrutin devrait surtout générer davantage de volatilité sur les indices actions pour au moins trois raisons, selon Stefan Kreuzkamp.

D'abord, le véritable enjeu de cette présidentielle réside en fait dans l'élection du Congrès, note le directeur des gestions de Deutsche Asset Management. "Si devenir président des États-Unis est probablement la position qui confère le plus de pouvoir au monde (en dehors des questions de politique étrangère), il est bon de rappeler que le président ne peut quasiment rien faire sans le soutien du Congrès. De fait, quand on s'intéresse plus particulièrement aux questions qui concernent le plus les investisseurs, le Congrès joue là aussi un rôle central puisqu'il tient littéralement les cordons de la bourse", rappelle-t-il.

Ensuite, Stefan Kreuzkamp souligne que le système américain prévoit un bouleversement complet de l'administration après l'élection d'un nouveau président et que le processus prend au moins un an. "D'ici à ce que la nouvelle administration soit réellement en ordre de marche, le monde aura déjà changé : les priorités évoluent en effet et les événements ont tendance à dérailler, peu importent les ambitions qui avaient été initialement affichées", met en garde le gérant. En clair, une forme d'incertitude va continuer à flotter au-dessus du gouvernement américain pendant cette période de transition et il est donc déconseillé de se projeter dans des investissements de long terme, sur la seule foi des promesses de campagne.

Enfin, le directeur des gestions de Deutsche Asset Management n'exclut pas un changement plus profond aux Etats-Unis après cette élection, marqué par un reflux du sentiment "pro-business". Avec Trump, les Républicains ont abandonné leur credo libre-échangiste jusque-là au cœur de leur doctrine. Chez Clinton, le candidat malheureux à la primaire Bernie Sanders a fait "glisser" vers la gauche le discours des Démocrates.