SABMiller ne connaît pas la pression. Faisant fi de la recommandation de son principal actionnaire, le cigaretter Altria, propriétaire de 26,56% du capital, le britannique, deuxième brasseur mondial, a rejeté cet après-midi la nouvelle offre de 68,2 milliards de livres (environ 104 milliards de dollars) d'Anheuser-Busch Inbev. Le numéro un mondial de la bière pensait pourtant s'être muni d'arguments solides. Question prix d'abord, le géant belge a publiquement porté son offre à 4 215 pence après avoir fait deux précédentes offres informelles à 3 800 et 4 000 pence.

Ce nouveau prix représente une prime de 44% par rapport au cours de clôture de sa cible le 14 septembre, dernière séance avant l'apparition des premières rumeurs.

Pour mettre toutes les chances de son côté, ABInBev avait aussi mis en place une offre alternative en titres qui permettrait aux principaux actionnaires de SABMiller de payer moins d'impôts que l'offre en cash.

Ces attentions sont allées droit au coeur d'Altria mais qui n'ont pas suffi à convaincre la famille colombienne Santo Domingo, détentrice de 13,9% du brasseur britannique.

En Belgique, les investisseurs ne sont pas tourmentés par ce refus : l'action ABInBev grimpe de 1,43% à 99,46 euros. A la Bourse de Londres en revanche, les investisseurs affichent leur scepticisme sur l'issue du bras de fer : l'action SABMiller progresse de 0,6% pour coter 3 646 pence, soit 13,5% de moins que l'offre d'ABInBev.

Cette décote actuelle fait les affaires du brasseur belge qui n'est pas contraint pas le marché de surenchérir immédiatement. Pour autant, en prenant le risque de créer un conflit ouvert après son premier actionnaire, SABMiller montre qu'il compte obtenir le maximum de son prédateur.

L'enjeu est de taille pour ABInBev qui créerait avec SABMiller un petit "OPEP" de la bière. La nouvelle entité produirait en effet 60 milliards de litres de bière par an, soit plus du tiers de toute la bière consommée dans le monde.

Au-delà de l'effet de taille, le brasseur de la Budweiser mettrait la main sur un très beau portefeuille de 200 marques locales, outre les grands noms que sont Miller, Foster et Peroni tout en renforçant son exposition aux florissants marchés du Moyen-Orient et de l'Afrique.

(P-J.L)