PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le fonds britannique TCI, actionnaire de Safran (>> SAFRAN) depuis 2012, poursuit sa campagne contre le rachat de l'équipementier en difficultés Zodiac Aerospace (>> Zodiac Aerospace) en avertissant que les administrateurs seront tenus personnellement responsables s'ils décident de poursuivre le projet.

Dans un courrier sous forme de réquisitoire adressé le 17 mars au membres du conseil d'administration de Safran, TCI Fund a prévenu qu'il requerrait des compensations à titre personnel pour les pertes, coûts et dommages que le groupe subirait dans l'éventualité d'un rachat de Zodiac.

"Il est clair que la décision que vous avez collectivement prise en janvier a été dépassée par les évènements", a indiqué TCI dans un courrier publié sur un site dédié. "Si vous choisissez de poursuivre la transaction et que cela porte préjudice à Safran, cela constituerait clairement une négligence de votre part. Nous n'aurons d'autre choix que de chercher à obtenir réparation des dommages subis par la société auprès de vous à titre personnel", a averti le fonds.

Le fonds dirigé par Chris Hohn a rappelé aux administrateurs qu'ils envisageaient un rachat de Zodiac sur la base d'engagements chiffrés, à savoir une croissance à deux chiffres du bénéfice par action dès la première année de consolidation de Zodiac, des synergies avant impôts de 200 millions d'euros en trois ans (dont 100 millions d'euros la première année) et un rendement des capitaux employés supérieur au coût du capital en trois ans.

Réviser le prix serait "une mauvaise idée"

Zodiac a révisé en baisse la semaine dernière ses prévisions de résultat pour l'exercice en cours, en raison de "perturbations sur le site de Zodiac Seats UK, [de] surcoûts de production toujours importants dans la branche Cabin, et [d'une] faible activité au premier semestre sur certaines activités de la branche Aerosystems". En réaction, Safran a indiqué poursuivre les négociations exclusives avec Zodiac tout en laissant entendre que le prix d'achat pourrait être revu à la baisse.

Une telle initiative constituerait toutefois "une mauvaise idée", selon TCI, qui milite toujours pour un abandon pur et simple de la transaction.

Le fonds a rappelé qu'au cours de la conférence annonçant le projet en janvier dernier, les dirigeants de Safran avaient dit croire en la capacité du management de Zodiac Aerospace à redresser la situation et jugé que la performance de ce dernier avait atteint son point bas. Pour TCI, l'avertissement émis la semaine dernière contredit totalement ces appréciations optimistes.

Des charges inquantifiables actuellement

Selon le fonds, la décision de racheter Zodiac a été prise sans connaissance de la situation réelle de la société, notamment des problèmes apparus fin 2016 dans une usine britannique, et il est à ce jour impossible de quantifier les charges que Zodiac encourt auprès des constructeurs et des compagnies aériennes en raison des retards de livraison de sièges, qui ont affecté plusieurs programmes.

Interrogé au sujet de la responsabilité contractuelle du groupe, le patron de Zodiac a indiqué qu'il était prématuré d'en parler à ce stade, ce que TCI prend pour un aveu inquiétant d'ignorance des coûts potentiels. La semaine dernière, le PDG de United Airlines avait déclaré être mécontent de la situation, et TCI a souligné que des difficultés supplémentaires auprès de ce client seraient "désastreuses" pour Zodiac.

L'action Zodiac Aerospace a clôturé vendredi en recul de 3,7%, à 22,28 euros, soit pratiquement son niveau d'avant l'annonce du projet de rachat par Safran, révélant les doutes du marché sur une finalisation de l'opération.

-Guillaume Bayre, Agefi-Dow Jones ; 01 41 27 47 93; gbayre@agefi.fr ed: VLV

Valeurs citées dans l'article : SAFRAN, Zodiac Aerospace