Safran (-6,17 à 50,96 euros) enregistre une des plus fortes baisses du SBF 120, entraîné par le secteur aéronautique qui souffre en ce début de semaine, pénalisé par la baisse du dollar face à l'euro et par une rumeur sur la réduction du dividende chez son concurrent Rolls-Royce. Le bureau d'études Jefferies a par ailleurs maintenu sa recommandation Conserver et abaissé son objectif de cours de 60 à 55 euros. Selon le broker, la transition entre le CFM56 et le LEAP devrait se faire en douceur mais non à faible coût.

L'analyste prévoit en outre un ralentissement de la croissance de l'activité de services après-ventes pour les moteurs civils en 2016. Il devrait enregistrer une croissance d'environ 10% (low double-digits) après trois années de progression bien supérieure à sa tendance.

Enfin, Safran a annoncé aujourd'hui avoir enregistré 10 000 commandes pour le moteur LEAP qui devrait entrer en service commercial cette année à bord de l'A320neo. Le groupe s'est donné pour objectif d'atteindre une production annuelle de 2 000 moteurs LEAP d'ici à 2020, tout en continuant à produire des CFM56.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Equipementier aéronautique issu de la fusion Snecma-Sagem, organisé en quatre divisions, la propulsion (53 % du chiffre d’affaires), l’équipement aéronautique (29 %), la défense (8 %) et la sécurité (10 %) ;
- Stratégie de croissance claire : priorité à l’aviation civile (4/5èmes de ventes), renforcement et développement des leaderships dans la Propulsion et l’équipement aéronautique renforcés par l’achat des activités de distribution électrique pour cockpit d’Eaton Aerospace, et la Sécurité (marché peu cyclique avec une croissance à 2 chiffres) ;
- Partenariat historique (jusqu’en 2040) avec GM sur le moteur civil le plus vendu au monde, CFM56, un catalyseur de croissance pour Safran qui sera remplacé d’ici 2019 par le Leap, 10 000 moteurs étant engrangés dans le carnet de commandes ;
- Récurrence du chiffre d’affaires dans l'après-vente pour moteurs civils (plus de la moitié des revenus et plus des 2/3 du bénéfice opérationnel) et à rentabilité élevée ;
- Après de lourds efforts en R&D (2ème déposant de brevets en France, 9,5 % des ventes), vers une décélération en 2015 et 2016 ;
- Visibilité des résultats futurs avec des commandes supérieures à près de 4 fois les ventes, cash flows récurrents élevés, situation financière saine.

Les points faibles de la valeur
- Manque de taille critique, face à l’éventuelle émergence d’un géant EADS-BAE ;
- Poids sur la rentabilité opérationnelle 2015-2018 du lancement industriel du Leap ;
- Pressions sur les besoins en fonds de roulement, dues aux retards de paiement des administrations ;
- Interrogations sur l’avenir du moteur Silvercrest dont le programme pourrait donner lieu à des dépréciations d’actifs dans le bilan 2015 ;
- Inquiétudes sur le retard de la co-entreprise de lanceurs spatiaux créée fin 2014 avec Airbus Group ;
- Impact limité de la baisse de l’euro sur le bénéfice net, en raison des couvertures mises en place jusqu’en 2017 ;
- Valeur chère en Bourse, avec un cours à ses plus hauts depuis 15 ans et un risque lié à une sortie partielle de l’Etat.

Comment suivre la valeur
- Sensibilité aux projets de consolidation du secteur européen -projet avorté de fusion entre EADS et BAE, négociations pour des échanges d’actifs avec Thales ; dossier Zodiac… ;
- Retombées des investissements opérationnels dans le big data, la sécurité et les lancements de satellites Ariane, en partenariat avec Airbus ;
- Spéculations sur le maintien des activités de défense dans le groupe, renforcées par le changement de présidence, avec l’arrivée de Philippe Petitcolin ;
- Poursuite du développement des moteurs LEAP dont la certification est attendue avant la fin de l’année ;
- Vers une croissance de 15 % du résultat opérationnel 2015 pour des ventes en hausse de 7 à 9 % ;
- Valeur non opéable, l’Etat détenant encore 22,4% des titres, devant les salariés (14,5 % et 22,1 % des droits de vote).

Aéronautique - Défense
En cherchant à faire émerger le troisième constructeur aéronautique mondial, la Chine pourrait rebattre les cartes du secteur et menacer le duopole Airbus-Boeing. Ainsi le Comac C919, premier avion de ligne développé par ce pays, a récemment été présenté au public. Son objectif est de répondre aux gigantesques besoins de son marché intérieur. Ce dernier est aujourd'hui contrôlé à parité par Airbus et Boeing. La Chine veut passer du statut de sous-traitant à celui d'avionneur sur le plan mondial. Néanmoins, le C919, capable de transporter entre 168 et 190 passagers, n'apporte pas d'innovation par rapport aux dernières versions de l'A320, le neo, et du 737, le Max. Cet avion a été développé avec un retard de quatre ans.