Paris (awp/afp) - Le groupe aéronautique Safran a confirmé mercredi son intention de racheter l'équipementier Zodiac Aerospace mais revu son offre à la baisse pour tenir compte des difficultés persistantes que rencontre le spécialiste des sièges d'avions.

Le projet modifié prendra la forme d'une offre publique amicale sur le capital de Zodiac Aerospace, à l'issue de laquelle "Safran prendrait le contrôle exclusif" de l'équipementier, ont précisé les deux entreprises mercredi.

Le rapprochement entre les deux groupes a été approuvé à l'unanimité par leurs conseils respectifs, au prix de 25 euros par action Zodiac, contre 29,50 prévus dans l'offre initiale de Safran.

L'opération doit donner naissance à un géant de plus de 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires, numéro deux mondial des équipements et moteurs aéronautiques. Le nouvel ensemble regrouperait 92.000 salariés, dont 45.000 en France.

"Je suis convaincu qu'il est temps d'aller de l'avant avec l'acquisition stratégique de Zodiac Aerospace", a déclaré Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran. "Les fondamentaux opérationnels sont solides et les conclusions de nos +due diligences+ (vérification qu'un acquéreur effectue avant une transaction, ndlr) sont intégrées dans les termes révisés de l'opération."

"Nous sommes absolument convaincus de la logique stratégique de l'opération", a de son côté déclaré Ross McInnes, le président du conseil d'administration de Safran. Tous deux conserveraient leurs fonctions dans le nouvel ensemble.

Le dépôt de l'offre est soumis à l'approbation par l'assemblée générale extraordinaire de Safran du 15 juin.

Les cotations de Safran et Zodiac Aerospace avaient été suspendues mercredi à la Bourse de Paris dans l'attente d'une annonce, alors que Zodiac fait l'objet depuis janvier d'une OPA (offre publique d'achat) amicale par Safran.

Le prix révisé, divulgué par LaTribune.fr avant l'annonce officielle, représente une décote de plus de 15% par rapport au projet initial, soit plus de 1 milliard d'euros par rapport aux 8,5 milliards prévus en janvier.

Cette décote tient compte d'un nouvel avertissement - soit une dizaine en un peu plus de deux ans - sur résultats lancé mi-mars par Zodiac Aerospace, qui est lourdement affecté depuis fin 2014 par les difficultés de son activité d'aménagement de cabines.

Dans sa nouvelle mouture, le projet prévoit une offre principale d'achat en numéraire visant la totalité du capital de Zodiac au prix de 25 euros par action et une offre d'échange plafonnée à 31,4% de son capital, rémunérée en actions de préférence Safran.

Plusieurs actionnaires de référence de Zodiac Aerospace, qui détiennent environ 25% de l'équipementier, devraient apporter des titres à l'offre.

A l'issue de l'offre publique, Safran procèdera à un programme de rachat d'actions d'un montant de 2,3 milliards d'euros sur une période de deux ans.

Cette annonce répond en partie au fonds d'investissement TCI, qui s'opposait à ce rapprochement et réclamait un programme de rachat d'action.

- Course à la taille -

TCI avait estimé en février la "juste valeur" de l'action Zodiac à environ 20 euros, puis 10 après l'avertissement sur résultats de l'équipementier.

Pour Safran, qui avait essuyé un échec en 2010 lors d'une première tentative de rachat de Zodiac, cette acquisition est stratégique alors que le secteur est en consolidation.

Il y a quelques mois, l'équipementier aéronautique américain Rockwell Collins avait racheté son concurrent B/E Aerospace, rival de Zodiac.

"Nous sommes partis sur un nouveau cycle de consolidation extrêmement structurant", a expliqué à l'AFP Stéphane Albernhe, Partner transport aérien au sein du cabinet Archery Strategy Consulting.

"Nous sommes sur une course à la taille critique pour financer les investissements sur les programmes futurs, les montées en maturité des standards, les capacités industrielles et l'innovation", a-t-il ajouté.

Ce rapprochement "permettra de créer un acteur de tout premier plan dans notre industrie au niveau mondial", s'est félicité Didier Domange, président du conseil de surveillance de Zodiac, qui représente les actionnaires familiaux.

Les deux groupes dominent plusieurs des segments sur lesquels ils sont présents (trains d'atterrissage, câblage électrique et équipements et systèmes aéronautiques montés à bord des avions commerciaux). Ensemble, ils seraient ainsi présents sur tous les grands programmes aéronautiques.

Safran est numéro un mondial avec son partenaire General Electric des moteurs d'avions moyen-courrier, qui équipent l'A320 d'Airbus et le 737 de Boeing, et bientôt du C919 du chinois Comac.

Zodiac est pour sa part l'un des leaders mondiaux des équipements et systèmes aéronautiques montés à bord des avions commerciaux, régionaux et d'affaires.

afp/al