Paris (awp/afp) - L'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace, spécialiste des cabines d'avions, qui a plongé dans le rouge au premier semestre, veut poursuivre les discussions avec Safran en vue de son rachat, mais pas à n'importe quel prix et prépare un plan B en cas d'échec.

Olivier Zarouati, président du directoire, a remis son mandat au conseil d'administration, mais il a été chargé de poursuivre les discussions avec Safran, a annoncé le groupe en publiant vendredi une perte nette de 24 millions d'euros pour le premier semestre de son exercice décalé.

Yann Delabrière, ex-PDG de Faurecia, a été désigné comme conseiller spécial afin d'"optimiser la préparation du rapprochement avec Safran" ou, en cas d'échec, de "pérenniser le développement +stand alone+", c'est-à-dire de manière indépendante, de Zodiac.

Il devra assister Olivier Zarouati afin d'assurer "la bonne résolution des questions opérationnelles auxquelles la société est confrontée et d'optimiser la préparation du rapprochement avec Safran dans l'hypothèse du succès des discussions en cours."

"Le rapprochement avec Safran reste notre scénario prioritaire", a déclaré Olivier Zarrouati, lors d'une conférence téléphonique. "Nous croyons à ce projet", a-t-il ajouté, en reconnaissant toutefois qu'"il rencontre quelques vents contraires et (que) nous avons éprouvé le besoin de clarifier le scénario alternatif".

Interrogé sur ce qui pourrait faire capoter l'opération, il a laissé entendre qu'un prix de rachat trop bas de Zodiac ou des conditions défavorables pour ses actionnaires pourraient y contribuer. "Transparence n'est pas +discount+ (vente au rabais, ndlr)", a-t-il dit, "on n'est pas prêts à tout". "Pour faire un +deal+, il faut que les attentes de l'ensemble des participants soient entendues", a-t-il ajouté.

Zodiac, qui est affecté depuis deux ans par des retards dans sa branche aménagement de cabines à l'origine d'importants surcoûts affectant sa rentabilité, fait l'objet d'une OPA (offre publique d'achat) amicale lancée par Safran, dont le premier actionnaire est l'Etat français (14% du capital et 21,9% des droits de vote).

L'opération doit aboutir à une fusion pour former un géant de plus de 20 milliards de chiffre d'affaires, numéro deux mondial des équipements et moteurs aéronautiques. Le nouvel ensemble regrouperait 92.000 salariés, dont 45.000 en France.

- "faits nouveaux" -

Elle a été maintenue en dépit d'un avertissement sur résultats pour Zodiac, le dixième en un peu plus de deux ans, publié par l'équipementier aéronautique à la mi-mars.

Cette publication avait jeté un froid sur l'opération, faisant craindre une remise en cause. Safran avait en effet confirmé "l'intérêt stratégique de l'acquisition de Zodiac", tout en précisant que cet avertissement sur résultats constituait un "fait nouveau" dont il tiendrait compte.

Les deux groupes "poursuivent leurs négociations exclusives et intègreront dans leurs discussions les conséquences de ces faits nouveaux", avait-il indiqué, laissant entendre qu'il reverrait son offre à la baisse.

Le cours de Bourse de Zodiac Aerospace a fortement chuté jeudi (-6,52% à 20,86 euros) à la veille de la publication de ses résultats et face à l'éventualité d'un échec de l'opération.

Un actionnaire de Safran, le fonds britannique TCI, qui détient 3,87% du motoriste aéronautique, conteste ce rapprochement en estimant que Safran "surpaye significativement" pour Zodiac.

Avec l'annonce de ce plan B, Zodiac fait savoir qu'il n'est pas disposé à se faire racheter à n'importe quelle condition malgré ses mauvais résultats.

"L'ensemble du management, avec le soutien du conseil de surveillance, considère que le groupe dispose d'un positionnement unique et de grande valeur dans les activités Aircrafts Interiors et Aerosystems et qu'il jouit de tous les atouts pour poursuivre avec succès sa croissance rentable quelques soient les scénarii", a-t-il indiqué vendredi.

Le groupe prévoit une "très nette amélioration" au second semestre de son résultat opérationnel courant (ROC) 2016/2017 estimé entre 200 et 220 millions d'euros", contre une perte de 12 millions d'euros au premier semestre.

afp/rp