Saint-Gobain (-1,57% à 37,93 euros) enregistre ce lundi la plus forte baisse de CAC 40 après la décision du conseil d'administration de Sika de limiter à 5% les droits de vote de la famille Burkard, premier actionnaire du groupe suisse de chimie de la construction, contre 52,4% jusqu'à présent. Les dirigeants de Sika espèrent ainsi faire barrage au projet de prise de contrôle du groupe par Saint-Gobain. Le groupe français de matériaux de construction évoque ce matin des "agissements [qui] vont totalement à l'encontre de tous les principes du droit des affaires et de la gouvernance suisses ».

Dans le communiqué de ce lundi, Sika rappelle que, selon ses statuts, les actionnaires inscrits ne peuvent détenir plus de 5% des actions nominatives, et que seuls la famille Burkard et SWH en ont été exemptés, en raison des liens étroits entre les Burkard et Sika remontant à plus d'un siècle, et des nombreuses déclarations publiques par lesquelles la famille a rappelé son intention de protéger la société contre toute tentative d'acquisition. Le groupe considère que l'alliance avec Saint-Gobain annule ce droit ainsi que celui, pour la famille Burkard, de convoquer une assemblée générale extraordinaire. Sika ajoute que plus de 35% de ses actionnaires soutiennent cette décision.

Le 8 décembre dernier, Saint-Gobain avait indiqué être en passe de prendre le contrôle de Sika, en rachetant pour 2,75 milliards de francs suisses (2,3 milliards d'euros à cette date) la holding Shenker Winkler de la famille Burkard qui détient 16,1% du capital et 52,4% des droits de vote de Sika.

Ce projet avait suscité la colère des dirigeants de Sika qui déclaraient ne pas avoir été consultés et menaçaient de démissionner si l'opération avait lieu. Saint-Gobain n'aurait en effet traité qu'avec la famille Burkard. Sika ajoute que cette opération est à ses yeux dénuée de logique industrielle et ne recèle aucune synergie significative pour le groupe helvète.

Saint-Gobain, qui espère finaliser cette opération « au plus tard au second semestre 2015 », disait début décembre attendre 100 millions d'euros de synergie par an dès 2017, et 180 millions d'euros à partir de 2019. Cette opération doit avoir un impact positif sur le résultat net de Saint-Gobain dès 2016.

(E.B)