Saint-Gobain (+2,65% à 45,245 euros) et Sika (+8,26% à 8 125 francs suisses) ont dominé vendredi leurs indices de référence CAC 40 et SMI. Les deux groupes ont signé un accord mettant fin à trois ans et demi de conflit, dont certains épisodes se sont déroulés devant les tribunaux, et permettant à tous les protagonistes d'en sortir par le haut. Du côté de Saint-Gobain d'abord, il parvient à entrer au capital de Sika selon des modalités financières intéressantes.
Dans un premier temps, le groupe français va acquérir pour 3,22 milliards de francs suisses la participation de plus de 16% que la famille Burkard, actionnaire de référence de Sika, détient au capital du groupe suisse. Ainsi, l'accord signé en décembre 2014 entre Saint-Gobain et les Burkard s'applique comme convenu. C'est lui qui avait mis le feu aux poudres, les dirigeants de Sika dénonçant une prise de contrôle rampante par le Français étant donné que les actions des Burkard étaient assorties de droits de vote spéciaux leur permettant d'en contrôler plus de 50%.
Dans un second temps, une partie de ces titres va encore changer de propriétaire, rachetée par Sika auprès du groupe français. Le groupe suisse va mettre 2,08 milliards de francs suisses sur la table pour reprendre le contrôle de 6,97% de son capital. Il annulera ensuite ces actions.
Un Sika indépendant sera plus du goût des investisseurs
Au final, Saint-Gobain paye donc 1,14 milliard de francs suisses pour une participation de 10,75% au capital de Sika. Il fait donc une bonne affaire car le cours de Sika a fortement augmenté depuis trois ans et demi : en date du 8 décembre, date de la signature de l'accord Saint-Gobain/Burkard, l'action Sika valait 3 033 francs suisses. Elle cotait plus de 7 500 francs suisses mercredi soir. La participation de Saint-Gobain serait donc valorisée plus de 2 milliards de francs suisses.
De plus, Saint-Gobain devient ainsi actionnaire d'un groupe en pleine forme qui ne manquera donc pas de verser des dividendes attractifs. Enfin, l'accord avec Sika met fin à tous les litiges en cours dans ce dossier et à une incertitude qui n'est jamais du goût des marchés financiers.
Sur ce point, Sika est à égalité avec Saint-Gobain et bénéficie à coup sûr de la clarification de son actionnariat. "Nous pensons que le cours actuel est un bon point d'entrée pour les investisseurs qui misent sur le potentiel d'un Sika indépendant", commente l'analyste de Bernstein. Avant d'ajouter : "Un Sika à 10 000 francs suisses d'ici 2019 reste ambitieux mais cet objectif est sans doute plus proche que nous ne l'anticipions jusque-là."
Certes, Sika a payé cher son indépendance, concédant une prime de 750 millions de francs suisses pour racheter près de 7% de son capital. Mais les perspectives d'une collaboration sereine avec Saint-Gobain et la possibilité d'être pleinement maître chez soi valent bien un petit effort, assurent les analystes.
Compagnie de Saint-Gobain figure parmi les leaders mondiaux de la fabrication et de la commercialisation de matériaux de construction à destination des secteurs de la construction, de la mobilité, de la santé et de l'industrie. L'activité s'organise autour de 4 pôles :
- fabrication de solutions de haute performance : produits céramiques (n° 1 mondial des applications thermiques et mécaniques des céramiques) et plastiques (n° 1 mondial), produits abrasifs (n° 1 mondial) et matériaux de renforcement (n° 1 mondial des fils de verre) ;
- distribution de matériaux : notamment sous les enseignes Point.P en France, Dahl en Scandinavie et Telhanorte au Brésil ;
- fabrication de produits de construction : produits d'extérieur (produits de façade et en PVC, bardeaux asphaltés, etc.), d'isolation (laines de verre, mousses isolantes, plafonds métalliques, etc.) et de canalisation, mortiers industriels et matériaux en gypse ;
- fabrication de vitrages : verre plat, vitrages d'automobile, verres de spécialités (verres anti-feu, de protection nucléaire, etc.). Le groupe développe également une activité de transformation et de distribution de verre pour le bâtiment.