"Une de nos vos principales convictions à l’heure actuelle est la société Saint Gobain, pourquoi ?
Le titre est sous valorisé. Nous avons un PE de 12,5 fois les bénéfices.
La société est très exposée à l’Europe continentale, (France à hauteur de 25%, Allemagne à hauteur de 10%, Royaume-Uni à hauteur de 10% et la Scandinavie à hauteur de 9%) où il n’y a pas trop de déception à attendre dans la construction. Les permis de construire ont crû de 15% dans l’hexagone en glissement annuel.

La société se concentre par ailleurs sur des produits à forte valeur ajoutée, notamment dans tout ce qui est économie d’énergie (équipements tels que des vitres, des panneaux pour les maisons anciennes et des nouvelles habitations) au moment où le prix de l’énergie est en augmentation et où les contraintes environnementales sont durcies.

Nous nous attendons à de bons résultats financiers cette année en particulièrement sur fond d’une amélioration des conditions météorologiques. Le chiffre d’affaires est attendu autour de 42,5 milliards cette année contre 40 milliards en 2010. Le résultat net attendu est de 1,8 milliards contre 1,4 milliards l’année dernière.

Qu’en est-il du niveau d’endettement de la société ?

Le groupe a connu une importante restructuration. Elle a su réduire ses couts, et ses dépenses d’investissement à 1,5 milliards. Le taux d’endettement est de 36%. Les cash flows dégagés sont importants de 2,3 milliards d’euros. La marge de manœuvre est importante.

Le principal risque qui pèse sur la société intéresse selon vous la hausse des prix des matières premières ?
Saint Gobain doit faire face à la hausse des prix de l’énergie (électricité, pétrole). L’année dernière l’impact négatif s’est élevé à 250 millions d’euros. Cependant, le groupe est parvenu à faire passer cette hausse sur les clients. En 2010, le prix de leurs produits a été relevé de 1,5%.
La situation est pour le moment gérable. Saint Gobain est en mesure de répercuter une nouvelle hausse de 2% cette année ce qui permettrait de limiter le pincement des marges. Cette augmentation viendrait compenser un impact négatif de la hausse des prix des matières premières qui représenterait une somme comprise entre 500 et 600 millions d’euros.
Cependant nous ne sommes pas à l’abri d’un débordement.

Qu’en est-il du positionnement de Saint Gobain en termes de croissance organique et de croissance externe ?
Le groupe a prévu de faire coter leur filiale spécialisé dans les verres d’embouteillage, Verallia.
Les acquisitions se feront en fonction d’une question de timing, d’opportunités. Le regard des dirigeants de la société semble tourné aussi bien vers l’Europe, les Etats-Unis. Pour le moment il n’y a rien dans les tuyaux.
Avec la présence de Wendel en tant qu’actionnaire, Saint Gobain ne pourrait procéder à une grosse acquisition que si elle présente un intérêt majeur sur le plan financier.

Cette cotation pourrait elle avoir lieu d’ici la fin de l’année ?
Oui a priori avec le recent depot à l'AMF du document de base visant à obtenir l'accord pour une introduction en bourse de sa filiale Verallia. Cette cotation viendrait booster le cours de la maison mère.

Le groupe n’est pas exposé aux marchés émergents ?
Les produits que font Saint Gobain n’arrivent que plus tard dans les besoins des pays émergents. La priorité dans ces pays n’est pas la contrainte énergétique.
La société a pour ambition de se développer sur ces marchés en installant des capacités de production. Cependant, un problème de distribution se pose. La chaine logistique manque pour permettre à Saint Gobain de commercialiser ses produits.

Depuis quand êtes vous exposés à la valeur ?

Nous sommes exposés à la valeur depuis un an. Nous avions alors vendu Lafarge en raison de son exposition sur les émergents et de l’impact de la hausse du prix du ciment et arbitré en faveur de Saint Gobain.
Nous avons progressivement augmenté notre pondération. La valeur représente 4% de notre portefeuille qui se compose d’une cinquantaine de lignes.

Quel est le potentiel de revalorisation ?
Le dossier est consensuel. Il y a une majorité de notations positives. L’objectif de cours envisagé est à 55 euros d’ici la fin de l’année. Nous sommes à 46 euros. Wendel était rentré dans le capital à 75 euros.
L’idée serait de profiter des replis de marchés globaux. 42 euros serait un bon point d’entrée.

Un joker pourrait résider dans le redémarrage des Etats-Unis ?

Un redémarrage précoce des Etats-Unis dans la construction, qui n’est pas du tout anticipé par les analystes, pourrait effectivement dynamiser les résultats de la société.

Qu’est ce qui pourrait vous conduire à réduire votre exposition sur la valeur ?
Essentiellement des anticipations de top line, de chiffre d’affaires, du fait d’une rechute économique.
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