L'héritier de l'empire Samsung, à la tête de facto de l'un des plus puissants conglomérats asiatiques, a été arrêté le 17 février et est jugé pour des faits de corruption et de détournement de fonds dans le cadre d'un vaste scandale qui a ébranlé le pays.

Jay Y. Lee, âgé de 49 ans, est notamment accusé d'avoir promis 43 milliards de wons (35 millions d'euros) à une entreprise et des fondations créées par Choi Soon-sil, amie et confidente de Park Geun-hye, en échange de l'appui de la caisse publique des retraites à un projet de fusion de deux filiales de Samsung en 2015.

On lui reproche également le transfert non justifié d'actifs à l'étranger et le recel de gains illégaux.

Le tribunal rendra son verdict le 27 août, deux jours avant la fin de sa période de détention actuelle.

S'il est reconnu coupable, Jay Y. Lee risque la plus longue peine de prison jamais infligée à un dirigeant de "chaebol" en Corée du Sud.

"Je n'ai jamais rien demandé à personne, y compris à la présidente, pour le compte de l'entreprise ou pour mon intérêt personnel", a-t-il déclaré à la barre d'une voix chancelante.

"Je regrette profondément d'avoir déçu et je présente mes excuses", a-t-il ajouté.

Le procureur Park Young-soo estime que Jay Y. Lee, accusé aux côtés d'autres cadres dirigeants du groupe, est le principal bénéficiaire des délits commis lors de ce scandale.

Il a également requis des peines de prison pour ces cadres dirigeants, dont 10 ans pour Choi Gee-sung, l'ancien directeur de la stratégie du groupe.

La défense a pour sa part nié toute malversation de Jay Y. Lee et se demande si les motivations du parquet ne sont pas liées à la volonté d'infliger coûte que coûte une peine de prison à l'héritier de l'empire Samsung, dont le père Lee Kun-hee est hospitalisé depuis 2014 et n'a pas été vu en public depuis.

Les avocats de Jay Y. Lee ont fait valoir que les accusations à l'encontre de leur client sur ce projet de fusion entre deux filiales de Samsung sont "une construction fictive" élaborée par les juges.

PAS D'IMPACT POUR LE MOMENT

Samsung Electronics n'a émis aucun commentaire concernant les réquisitions du procureur. A la Bourse de Séoul, l'action du groupe a fini en baisse de 0,3% lundi, effaçant les maigres gains enregistrés en début de séance.

Malgré l'absence de Jay Y. Lee, Samsung Electronics a déclaré le mois dernier prévoir un bénéfice record pour son deuxième trimestre grâce notamment au dynamisme du segment mémoires et de son pôle mobile.

Pour le moment, les investisseurs se préoccupent principalement de la durée de détention de Jay Y. Lee, qui l'empêche de prendre pleinement part aux décisions stratégiques du groupe.

"(Samsung Electronics) marche bien pour le moment, mais l'absence de Jay Y. Lee se fera-t-elle sentir dans deux, trois ou cinq ans? Telle est la question", a déclaré Park Jung-hoon, gérant chez HDC Asset Management.

La police sud-coréenne a par ailleurs effectué une perquisition dans un bureau gérant les résidences du président de Samsung Electronics Lee Kun-hee et de sa famille, dans une affaire de détournement de fonds.

La société est soupçonnée d'avoir réglé des factures de décoration intérieure pour ces résidences avec des comptes créés sous des noms d'emprunt entre octobre 2008 et mars 2015.

Aucun suspect individuel n'a été identifié jusqu'à présent, a déclaré à Reuters un responsable de la police.

Une porte-parole de Samsung s'est refusée pour sa part à tout commentaire, renvoyant au communiqué publié en juin selon lequel ces dépenses ont été réglées personnellement par Lee Kun-hee.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Joyce Lee et Christine Kim