Pékin (awp/afp) - L'équipementier télécoms chinois Huawei a vu son bénéfice net stagner en 2016, à l'heure où la concurrence s'intensifie sur le marché mondial des smartphones et où le groupe investit des sommes colossales dans la recherche, notamment sur l'intelligence artificielle.

Troisième constructeur mondial de smartphones derrière le sud-coréen Samsung et l'américain Apple, Huawei a vu son bénéfice net grimper de seulement 0,4% l'an dernier, à 37,1 milliards de yuans (5,03 milliards d'euros), selon un communiqué vendredi.

Il s'agit d'un refroidissement saisissant après une envolée de 33% en 2015, et de sa plus faible croissance depuis cinq ans.

Certes, son chiffres d'affaires a bondi de 32% l'an dernier, à 522 milliards de yuans (71 milliards d'euros), grâce notamment à la robustesse de ses ventes de smartphones, avec une hausse de 44% des revenus de sa branche "biens de consommation" et quelque 139 millions de téléphones écoulés.

Mais dans le même temps, ses marges se sont drastiquement réduites sur un marché de plus en plus concurrentiel. En Chine même, Huawei est dépassé en termes de ventes de smartphones par des rivaux locaux: les nouveaux venus Oppo et Vivo, et Xiaomi, pionnier des objets connectés.

Surtout, Huawei continue d'engloutir des sommes astronomiques --14,6% de ses revenus l'an dernier-- dans la recherche et le développement, avec l'objectif affiché de muscler ses compétences dans l'informatique dématérialisée ("en nuage") et surtout dans l'intelligence artificielle.

"Le numérisation et l'intelligence artificielle présentent d'énormes opportunités pour tous les secteurs et ouvrent de nouvelles sources de croissance pour les technologies de l'information", a indiqué Eric Xu, actuel directeur général du groupe, cité dans le communiqué.

Fondé en 1987 par l'ancien ingénieur de l'armée chinoise Ren Zhengfei, Huawei a connu une croissance fulgurante, devenant le numéro deux mondial des équipements en télécommunications derrière Ericsson, avant de percer dans le secteur des smartphones.

Encore inconnu il y a quelques années, Huawei a bénéficié de l'adoption de ses smartphones dans les pays en développement et s'invite désormais en Europe. Il n'occupe toutefois qu'une place modeste sur le crucial marché américain.

La Chine représente toujours 45% de ses revenus, devant la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique (30%) et l'Asie-Pacifique (13%). Les infrastructures télécoms constituent cependant toujours la majorité de son chiffre d'affaires (56%).

Le géant chinois s'était vu interdire l'accès à des projets d'infrastructures aux Etats-Unis et en Australie pour des raisons invoquées de sécurité, sur fond de crainte que ses équipements soient utilisés pour de l'espionnage ou des attaques informatiques -- ce que Huawei a toujours démenti.

afp/rp