Séoul (awp/afp) - L'héritier présomptif de Samsung J.Y. Lee a fait un grand pas vers la tête du géant sud-coréen en entrant jeudi au conseil d'administration d'un groupe dont le bénéfice a plongé en raison du fiasco du Galaxy Note 7.

Cette nomination est interprétée comme un adoubement de M. Lee, dont l'influence n'a cessé de grandir depuis l'attaque cardiaque subie par son père, le patriarche Lee Kun-Hee, alité depuis 2014.

Âgé de 48 ans, M. Lee était déjà vice-président de la division phare du groupe, Samsung Electronics.

Son arrivée dans le Saint des saints doit lui permettre de "prendre officiellement des responsabilités dans le processus de décision", a déclaré le président du conseil d'administration du groupe Kwon Oh-Hyun.

"On peut dire que désormais, le règne de Lee a officiellement débuté", a estimé Lee Chaiwon, analyste chez Korea Value Asset Management. "Une nouvelle ère a débuté."

La nomination a été approuvée lors d'une assemblée extraordinaire des actionnaires, qui a largement porté sur la crise que traverse Samsung.

Début septembre, le premier fabricant mondial de smartphones a été contraint d'ordonner le rappel planétaire de 2,5 millions de Galaxy Note 7 parce que plusieurs exemplaires avaient pris feu ou explosé.

- 'Touché le fond' -

Cette crise aurait pu être contenue si certains des terminaux distribués en remplacement des premiers modèles défectueux n'avaient pas eux aussi commencé à s'enflammer, poussant Samsung à abandonner la production de ce qui devait être un produit phare.

La réunion du conseil d'administration a débuté quelques heures après l'officialisation d'une baisse largement anticipée de 30% du bénéfice opérationnel de Samsung Electronics au troisième trimestre.

Samsung a indiqué que son résultat opérationnel pour la période de juillet à septembre serait de 5.200 milliards de wons (4,1 milliards d'euros) contre 7.300 milliards de wons pour la même période de l'année dernière.

La décision de cesser la production d'un appareil qui était destiné à concurrencer l'iPhone du grand rival Apple a été dévastatrice pour une entreprise habituée à être considérée comme le nec plus ultra de la technologie, et traitée comme tel.

Le bénéfice opérationnel de la division mobile de Samsung Electronics a chuté de près de 98% au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, à 100 milliards de wons.

Dans un communiqué accompagnant la publication de ces résultats, Samsung explique qu'il s'attachera à "augmenter des ventes de nouveaux produits phares (...) et à regagner la confiance des consommateurs".

Mais le géant sait que ses résultats pâtiront encore longtemps de cette crise. Mi-octobre, il avait dit tabler sur un bénéfice en recul de 2.500 milliards de wons au quatrième trimestre, et en recul de 1.000 milliards de wons au premier trimestre 2017.

"La division mobile a touché le fond, mais elle devrait commencer à se relever au quatrième trimestre avec un bénéfice opérationnel de l'ordre de 2.000 milliards de wons", a estimé Greg Roh, analyste chez HMC Investment Securities.

- 'Galaxy 8 en mars'-

"Mais la reprise totale attendra le deuxième trimestre 2017 avec le lancement du Galaxy 8 en mars."

Signe de la perte de prestige d'un des fleurons de l'industrie sud-coréenne, des milliers de clients devraient s'associer à un recours collectif en justice contre Samsung pour exiger des dédommagements après le fiasco du Note 7.

Le co-PDG du groupe J.K. Shin a présenté jeudi ses excuses aux actionnaires, tout en leur confiant que le fond du problème du Note 7 n'était peut-être pas sa batterie.

"Nous enquêtons sur tous les aspects de l'appareil, qu'il s'agisse de la batterie, du matériel et du logiciel." a dit l'ancien chef de la division mobile de Samsung.

"Nous essayons de savoir avec certitude s'il y a eu des problèmes sur d'autres éléments", a-t-il ajouté. "Cela pourrait être la batterie, ou autre chose."

Samsung avait initialement expliqué le problème par un défaut de la batterie fabriquée par sa compagnie soeur, Samsung SDI.

Or M. Shin a indiqué que les appareils de remplacement distribués étaient dotés de batteries fabriquées par un autre groupe, vraisemblablement le chinois ATL.

La famille Lee contrôle une pieuvre dont la téléphonie n'est qu'un des bras, et qui est également présente dans des activités aussi diverses que les services financiers, l'hôtellerie ou la mode.

afp/rp