l'héritier de Samsung

SÉOUL (awp/afp) - Les enquêteurs spéciaux travaillant sur le retentissant scandale politique de corruption qui secoue la Corée du Sud décideront lundi de l'éventuelle arrestation de l'héritier du géant sud-coréen Samsung, Lee Jae-Yong, entendu jeudi et vendredi.

Ils devaient initialement rendre leur décision ce week-end. Mais ils ont retardé le moment d'annoncer le résultat de leurs délibérations, "en raison de l'importance de cette décision", a déclaré dimanche le porte-parole des enquêteurs, Lee Kyu-Chul.

"Nous prendrons lundi la décision d'arrêter ou non M. Lee, après avoir pris en compte la complexité et l'importance des questions", a précisé Lee Kyu-Chul.

Héritier du premier "chaebol" (grand conglomérat) sud-coréen, Lee Jae-Yong, qui est le vice-président de Samsung Electronics, le fils du président du groupe Samsung Lee Kun-Hee et le petit-fils de son fondateur, a été entendu pendant 22 heures sur des soupçons de corruption.

Les enquêteurs avaient annoncé mercredi que M. Lee était considéré comme un suspect dans ce scandale à rebondissements centré autour de Choi Soon-Sil, confidente de la présidente destituée Park Geun-Hye.

Choi Soon-Sil est actuellement jugée pour avoir profité de ses relations avec Mme Park afin de soutirer des sommes astronomiques aux conglomérats sud-coréens qui ont versé des millions de dollars à des fondations privées créées par cette confidente de l'ombre.

Trois autres dirigeants de Samsung risquent aussi l'arrestation.

Plus d'une dizaine de personnes ont été arrêtées dans cette affaire, dont Mme Choi et sa nièce, les anciens ministres de la Culture et des Affaires sociales, un ancien directeur de cabinet présidentiel et un professeur d'université.

Samsung est le conglomérat qui s'est montré le plus généreux en donnant aux fondations de Mme Choi 20 milliards de wons (17 millions de dollars), suivi par Hyundai, SK, LG et Lotte.

Le géant sud-coréen est également accusé d'avoir versé des millions d'euros à Mme Choi sous couvert de financer en Allemagne les entraînements sportifs de cavaliers sud-coréens, parmi lesquels la fille de la confidente.

Cela fait des mois que les enquêteurs entendent M. Lee et d'autres cadres dirigeants de Samsung pour déterminer si le groupe a soudoyé Mmes Choi et Park afin d'obtenir le feu vert du gouvernement à une fusion controversée en 2015.

Cette fusion entre deux unités du groupe, Cheil Industries et C&T, était considérée comme une étape cruciale pour assurer une passation de pouvoir en douceur au profit de Lee Jae-Yong.

Elle avait été vertement critiquée par certains actionnaires au motif que la valeur de C&T aurait été délibérément sous-estimée, mais la Caisse nationale de retraite (NPS), gros actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, avait donné son feu vert à l'opération.

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