Sanofi recule de 0,09% à 69,85 euros après la publication de résultats annuels et de perspectives en demi teinte. Pénalisé par le déclin de l'activité diabète, notamment aux Etats-Unis, le groupe pharmaceutique français a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 7,37 milliards d'euros, en repli de 0,9% à taux de change constants. Grâce à la faiblesse de l'euro, ce bénéfice affiche une hausse de 7,7% à données publiées. Le bénéfice par action, un indicateur clef du secteur en Europe, est ressorti à 5,64 euros, stable à change constants et en progression de 8,5% à données publiées.

Le chiffre d'affaires est ressorti, lui en hausse de 2,2% à change constants (+9,7% à données publiées ) à 37,06 milliards, soutenu par le dynamisme de sa filiale américaine spécialisée dans les maladies rares, Genzyme (+29,5% à 3,66 milliards).

Cette société, acquise de haute lutte en 2011 pour plus de 20 milliards de dollars, a plus que compensé la faiblesse de la branche diabète.

L'an dernier, les ventes de cette activité, ont en effet reculé de 6,8% à 7,58 milliards. La chute a été particulièrement marquée au quatrième trimestre (-12,6%) en raison du plongeon de 31,6% aux Etats-Unis des ventes du Lantus, son produit phare, concurrencé par les génériques.

Son successeur, le Toujeo, lancé fin mars aux Etats-Unis, puis dans d'autres pays, a dégagé en 2015 un chiffre d'affaires de 164 millions, dont 27 millions hors des Etats-Unis.

Le groupe pharmaceutique avait prévenu fin octobre 2015 que les ventes de sa division diabète baisseraient jusqu'en 2018.

Pour l'exercice en cours, Sanofi vise un bénéfice par action à taux de change constants globalement stable par rapport à celui de 2015. Il est ressorti à 5,64 euros l'année dernière, en hausse de 8,5% en données publiées et stable à taux de change constants.

Pour autant, le groupe a légèrement relevé le montant de son dividende annuel, de 2,85 euros en 2014 à 2,93 euros en 2015.

Plus sévères que les investisseurs, les analystes ont jugé cette publication globalement décevante. Pour Oddo, ces résultats appellent à la prudence, la rentabilité comme les perspectives n'étant pas au rendez-vous. Un sentiment partagé par Kepler Cheuvreux qui souligne le manque de visibilité du groupe en raison notamment des difficultés persistantes rencontrées dans le diabète aux Etats-Unis.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Quatrième groupe pharmaceutique mondial et premier en Europe, leader mondial dans les vaccins (11 % des ventes), derrière la pharmacie (83 %) mais devant la santé animale (6 %) ;
- Facteurs de croissance structurelle : vieillissement de la population, accès plus large aux services de santé dans le monde et amélioration de l’assurance-maladie aux Etats-Unis, avec une croissance de l’industrie pharmaceutique supérieure à celle du PIB mondial ;
- Stratégie axée sur la réduction de la dépendance à quelques molécules phares (pour contrecarrer les tombées de brevets et la montée en puissance des génériques) et sur le développement, par croissance externe ciblée, des segments en plus forte croissance et moins risqués : médicaments sans prescription, vaccins, biotechnologie et génériques ;
- 34 % du CA dans les pays émergents, zones en forte croissance de l’industrie pharmaceutique, devant les Etats-Unis (34 %) et l'Europe de l’Ouest (23 %) ;
- Organisation industrielle centrée sur les « plateformes de croissance » : diabète, vaccins, santé grand public, Genzyme (maladies rares), santé animale, autres produits innovants et marchés émergents ;
- Bonne visibilité des moteurs de croissance : après l’anti-diabétique Lantus (21 % des ventes), les anti-sclérose en plaques Lemtrada et Aubagio, lancement de 6 médicaments en 2015 puis 2 médicaments par an de 2016 à 2018, qui devront générer un chiffre d'affaires cumulé potentiel de plus de 30 milliards d'euros d'ici à 2026 ;
- Montée en puissance des partenariats avec les biotech américaines Regeneron et Alnylam, les biotechnologies pesant déjà 10 % du chiffre d’affaires ;
- 8 Mds€ de liquidités, d’où des programmes de rachats d’actions généreux pour l’actionnaire, dans l’attente d’une acquisition.

Les points faibles de la valeur
- Forte concurrence des génériques sur certains des produits phares et perte de brevets ;
- Environnement sectoriel difficile : pression des autorités de santé pour réduire les coûts et barrières réglementaires plus importantes ;
- Aux Etats-Unis, concessions sur les prix de Lantus remboursé par les assureurs, d’où un nouveau recul des ventes attendu en 2015 ;
- Performances décevantes de la branche génériques ;
- Révision en baisse des perspectives de ventes de la branche anti-diabète ;
- Incertitudes sur la direction après le départ du directeur général Chris Viehbacher, remplacé temporairement par Serge Weinberg depuis octobre 2O14.

Comment suivre la valeur
- Indicateurs à suivre : chiffre d’affaires généré par chaque médicament, durée de vie des brevets, résultats des études cliniques, évolutions réglementaires et décisions des autorités sanitaires ;
- Sensibilité aux déclarations des concurrents tels Novartis, Roche ou AstraZeneca ;
- Poursuite du plan 2012-2015 d'une croissance annuelle de 5 % au moins en moyenne, de plus de 5 % du bénéfice par action et de 2 Mds€ de réduction des coûts ;
- Lancement en 2015 du Cerdelga contre la maladie de Gaucher, attente de l’autorisation américaine au Lyxumia, et avancées cliniques de anti-cholestérol alirocumab (développé par Regeneron, biotech détenue à 20 %), vaccin anti-dengue et d’Afrezza (concepteur d’insuline à inhaler) ;
- Objectif 2015, révisé en baisse, d’un d’une stabilité voire légère hausse du résultat net par action ;
- Capital éclaté, dans lequel l’Oréal veut conserver sa position (8,91 % des actions, 16,13 % des droits de vote).

Pharmacie - Santé
La consolidation du secteur pharmaceutique se poursuit avec la fusion à 160 milliards de dollars entre l'américain Pfizer et le fabricant du traitement anti-rides Botox, Allergan. Cette opération donnera naissance au plus grand groupe pharmaceutique mondial. Elle présente deux avantages : premièrement le siège d'Allergan est en Irlande, où l'impôt sur les bénéfices est presque trois fois moins élevé qu'aux Etats-Unis. De plus, cette opération s'inscrit dans un contexte où les groupes pharmaceutiques ont besoin de renouveler leurs portefeuilles. Pfizer envisage de se diviser en deux entités distinctes, avec d'un côté les médicaments génériques et de l'autre les blockbusters, ces médicaments sous brevets capables de générer plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires.