Sanofi perd 4,16% à 71,43 euros après avoir plongé de 10% hier dans le sillage de perspectives décevantes. Les investisseurs s'inquiètent de la bonne marche du groupe à court terme après l'éviction du directeur général, Christopher Viehbacher. Le président, Serge Weinberg, qui assure la fonction de PDG par intérim, a toutefois déclaré que la stratégie du laboratoire pharmaceutique ne serait pas affectée par ce changement à la tête.

Confronté à la concurrence des génériques et un contexte réglementaire de plus en plus sévère en Europe et aux Etats-Unis, Sanofi poursuivra donc son recentrage sur ses plateformes de croissance : les marchés émergents, le diabète et la santé animale.

Le nouveau PDG a notamment justifié l'éviction du directeur général par un niveau de confiance insuffisant entre le conseil et le directeur général. Les administrateurs n'ont guère apprécié d'avoir découvert dans la presse, en juillet, que le groupe envisageait de céder un portefeuille de 200 produits anciens valorisé à environ 6,3 milliards d'euros. Ce plan baptisé Phoenix ne leur avait jamais été présenté.

Certains membres du conseil n'avaient pas non plus apprécié que le directeur général de la première capitalisation boursière française décide d'emménager au printemps dernier à Boston, capitale mondiale de la pharmacie et de la biotech.

La publication lundi dans la presse de la lettre envoyée par Christopher Viehbacher à son conseil en septembre a fait éclater les tensions au grand jour, et obligé le conseil à trancher de façon accélérée. Alors même qu'aucun remplaçant n'est encore choisi. « Nous avons des discussions avec des candidats, mais elles peuvent être longues », a précisé Serge Weinberg.

CM-CIC Securities a jugé cette éviction surprenante alors que l'ancien directeur général n'avait pas démérité depuis sa nomination en décembre 2008. Avant la chute d'hier, le titre avait progressé de 65% sous sa mandature. Le courtier est encore plus surpris par l'absence de remplaçant à court terme, créant ainsi une nouvelle zone incertitude.

Après le départ de Baudouin Prot de BNP Paribas, de Henri Proglio d'EDF et la mort dans un accident d'avion de Christophe de Margerie chez Total, Sanofi est la quatrième entreprise du CAC 40 à changer de patron depuis la rentrée.

(P-J.L)