Après l'échec de son raid à 11 milliards de dollars sur la biotech Medivation, Sanofi prendra-t-il le risque d’entrainer le géant américain Johnson & Johnson dans une bataille boursière trois fois plus coûteuse pour s'emparer d'Actelion ? Le marché semble le redouter. Le titre du groupe français cède 1,35% à 75 euros accusant l'une des plus fortes baisses du CAC 40. A contrario, la société suisse de biotechnologie spécialisée dans les maladies du poumon progresse, elle, de 2,4% à 207,50 francs suisses dans la perspective d'une surenchère du français sur l'offre de J&J.

Selon Bloomberg, Sanofi réfléchit à une proposition d'achat. Il travaille avec ses conseils pour évaluer différentes options et a fait connaître son intérêt au suisse mais n'a pas encore décidé s'il lui soumettrait effectivement une offre.

Le temps presse pourtant. L'un des 30 principaux actionnaires du laboratoire suisse Actelion a déclaré à Reuters cet après-midi qu'il soutiendrait une offre de rachat de Johnson & Johnson sur l'ensemble de la société si le groupe américain acceptait de débourser plus de 246 francs suisses par action.

Johnson & Johnson et la première biotech européenne ont confirmé des discussions la semaine dernière. L'américain a relevé son offre de 246 à 250 francs suisses par action. Il serait donc prêt à payer 27 milliards de francs suisses (26,8 milliards de dollars), soit 60% de plus que la capitalisation de sa cible la veille des premières rumeurs d'intérêt.

Actelion est depuis plusieurs années la cible de rumeurs évoquant un intérêt de géants mondiaux de la pharmacie soucieux de garnir leurs portefeuilles de produits en développement.

Et lorsqu'ils se lancent, les poids lourds du secteur ne regardent pas à la dépense. Pour damer le pion à Sanofi, Pfizer a offert à Medivation une prime de 55% sur le prix initial du français.

Les analystes estiment toutefois que Sanofi pourrait avoir intérêt à se lancer dans la bataille à double titre. D'un point de vue opérationnel, le portefeuille d'Actelion est complémentaire avec les activités sur les maladies rares de sa filiale américaine Genzyme.  D'un point de vue financier, sans croissance externe, le groupe n'a que peu de chances de combler l'écart de croissance entre ses perspectives de croissance annuelle des bénéfices et celle du secteur (+5,6% contre +9,3%).