Sanofi abat enfin ses cartes. Après un mois de rumeurs, le groupe pharmaceutique a confirmé ce matin avoir proposé d'acquérir Medivation pour 9,3 milliards de dollars, soit 52,5 dollars par action. Le conseil d'administration de la biotech américaine spécialisée dans des traitements prometteurs contre le cancer donnera sa réponse dans la soirée, mais pour les investisseurs elle ne fait guère de doute. Pour l'emporter, Sanofi devra se montrer plus généreux. En Bourse, Sanofi cède 1,36% à 75,95 euros tandis que sa cible grimpe de 6,7% à 55,54 dollars après avoir flambé de 68% en trois mois.

La réponse négative de Medivation est d'autant plus prévisible qu'il y a dix jours, la presse révélait que le groupe américain ne s'était pas donné la peine de répondre à cette offre non sollicitée.

Dans une lettre adressée aujourd'hui à son homologue américain David Hung, le PDG de Sanofi, Olivier Brandicourt, a mis en avant la prime de plus de 50% par rapport au cours de Medivation avant les premières rumeurs. Il a également souligné que les 9,3 milliards de dollars seraient intégralement payés en cash.

Si ce dernier argument serait de nature à convaincre les actionnaires de Medivation, le prix proposé ne reflète assurément pas leurs ambitions. Compte tenu du potentiel de ventes du produit vedette de la biotech américaine, un traitement contre le cancer de la prostate baptisé Xtandi (deux milliards de dollars en 2015 mais plus de 6 milliards en 2021), JPMorgan estime que la transaction pourrait se nouer sur un prix compris entre 55 et 60 dollars par titre, voire entre 65 et 75 dollars si Medivation prouve que Sanofi sous-estime le montant des synergies attendues.

Pour Bryan Garnier également, Sanofi devra mettre davantage la main à la poche. Le broker estime à 15 milliards de dollars le montant à partir duquel la création de valeur deviendrait neutre pour Sanofi.

D'autant que Medivation suscite l'appétit d'autres majors pharmaceutiques soucieuses, comme Sanofi, d'enrichir leurs portefeuilles dans le domaine de l'oncologie, l'un des plus rentables. La presse et les brokers évoquent ainsi comme possibles trouble-fêtes le géant suisse Novartis et l'anglais AstraZeneca.

En tout état de cause, si elle se réalise, cette transaction serait la plus importante de Sanofi depuis le rachat de Genzyme pour plus de 20 milliards de dollars.
(P-J.L)