La Bourse a salué par une vive hausse ce flot d'informations positives mais le titre du groupe pharmaceutique, après avoir grimpé à un plus haut de près de 74 euros, a clôturé à 71,43 euros (+3,73%), deuxième plus forte hausse du CAC 40 (+0,33%).

Un analyste d'une grande banque française explique, sous couvert d'anonymat, que Sanofi n'a pas remis en cause les prévisions figurant dans son plan stratégique à cinq ans présenté en novembre 2015, dans lequel il indiquait que le bénéfice par action n'augmenterait pas de manière significative ni en 2016 ni en 2017.

"Les réductions de coûts, c'est positif, le groupe a bien réussi à conserver son accès au marché américain dans la franchise diabète", dit-il. "Le petit bémol qui expliquerait que le cours de Bourse soit moins dynamique, c'est que le BPA 2017 pourrait baisser par rapport à 2015 après la hausse de 2016."

Le programme de rachat d'actions, qui devrait être finalisé d'ici à la fin 2017, n'empêchera pas Sanofi de regarder les opportunités d'acquisitions qui se présenteraient, a assuré son directeur général Olivier Brandicourt, alors que la tentative du groupe de mettre la main sur l'américain Medivation, afin de rattraper son retard en oncologie, a échoué cet été.

"TRÈS DISCIPLINÉ" EN MATIÈRE DE M&A

Sur la stratégie en matière d'acquisitions, le directeur financier Jérôme Contamine a quant lui indiqué que le groupe comptait rester "très discipliné".

Lors d'une conférence avec des analystes, Olivier Brandicourt a précisé que Sanofi pouvait construire des positions significatives dans le cancer en s'appuyant principalement sur son propre pipeline de produits et ses partenariats.

Au chapitre de sa R&D, le cinquième laboratoire pharmaceutique mondial a aussi fait savoir que les autorités sanitaires américaines (FDA), au cours d'une inspection, avaient relevé des déficiences en matière de "bonnes pratiques de fabrication" sur le site de remplissage et façonnage du Sarilumab, un traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

Olivier Brandicourt a indiqué que Sanofi apporterait "aussi vite que possible" des réponses à la FDA mais a ajouté que cette situation pourrait impacter la date d'homologation du produit, attendue au 30 octobre 2016.

Sanofi, qui s'était donné 12 mois pour prendre une décision concernant ses génériques en Europe, est aujourd'hui décidé à engager un processus de cession au cours des 12 à 24 mois à venir. Cette activité a généré un chiffre d'affaires d'environ 800 millions d'euros en 2015, marquant une augmentation de 4,7% par rapport à 2014.

La CFDT et la CGT, les deux principaux syndicats du groupe, ont dénoncé ce projet de cession dans des communiqués, la première s'insurgeant contre "une stratégie à court terme sans objectif à long terme" et la seconde critiquant une "vente à la découpe" au détriment des investissements, du développement industriel et de l'emploi.

AU MOINS 1,5 MILLIARD D'ÉCONOMIES DE COÛTS

S'agissant du processus d'échange de la santé animale de Sanofi contre des actifs de santé grand public de Boehringer Inglheim, Olivier Brandicourt a déclaré qu'il devrait être finalisé "vers la fin de l'année".

Dopé par les performances de sa filiale Genzyme et de sa division vaccins, le chiffre d'affaires agrégé de Sanofi a augmenté de 3% à changes constants au troisième trimestre, à 9.652 millions d'euros, au regard d'un consensus Financial Inquiry établi pour Thomson Reuters de 9.563 millions.

Le résultat opérationnel des activités a augmenté de 12,8% à changes constants, à 3.097 millions d'euros (consensus de 2.728 millions) et le résultat net de 11,1% en organique à 2.300 millions (consensus 1.979 millions), soit un bénéfice par action de 1,79 euro (consensus 1,54 euro), en hausse de 12,4% en organique.

"La mise en place d'une organisation plus ciblée nous a permis de gagner en efficacité et de générer des économies qui ont contribué à notre performance financière", a commenté Olivier Brandicourt.

Sanofi, qui évalue à "au moins" 1,5 milliard d'euros ses économies de coûts d'ici à 2018, s'attend désormais à une croissance du bénéfice par action de ses activités de 3% à 5% à changes constants en 2016. Jusqu'à présent, il tablait sur un bénéfice net par action "globalement stable" par rapport à celui de 5,64 euros enregistré en 2015.

Néanmoins, le laboratoire continue de prévoir une baisse de ses ventes de diabète de 4% à 8% en moyenne annuelle jusqu'en 2018. Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires réalisé par franchise diabète a diminué de 3% à données comparables, reflet du recul de 5,4% des ventes de Lantus aux Etats-Unis.

Plusieurs assureurs santé et gestionnaires de régimes d'assurance américains ont annoncé leur décision de cesser de rembourser ce médicament pour favoriser des traitements biosimilaires moins coûteux.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Noëlle Mennella