Paris (awp/afp) - Sanofi a confirmé vendredi son objectif annuel après des résultats trimestriels inférieurs aux attentes mais qu'il a jugés "solides", alors qu'il vient d'engager une bataille pour acquérir l'américain Medivation pour 9,3 milliards de dollars, afin de se renforcer en oncologie.

Le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, a écarté toutes les questions sensibles sur Medivation lors d'une conférence téléphonique consacrée aux résultats trimestriels.

"A l'heure actuelle il est beaucoup trop prématuré pour commencer à discuter le pour et le contre de cette opération, de notre offre et de notre stratégie de négociation", a-t-il déclaré.

"Nous pensons qu'il serait dans le meilleur intérêt de tout le monde de procéder (au rachat de Medivation, ndlr) sur une base amicale", a-t-il toutefois ajouté, espérant pouvoir rapidement engager un dialogue "constructif" avec la direction du laboratoire américain.

"Nous sommes confiants sur le fait que les actionnaires de Medivation finiront par partager notre certitude que notre offre de 52,50 dollars par action créera une valeur en espèces significative et immédiate", a-t-il encore estimé.

La biotech de San Francisco est spécialisée dans des traitements innovants contre le cancer, un secteur dans lequel Sanofi est actuellement en perte de vitesse.

L'unique médicament de Medivation sur le marché pour le moment, Xtandi, a généré l'an dernier un chiffre d'affaires de quelque 2 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros), soit davantage que l'ensemble des activités en oncologie de Sanofi l'an dernier.

Le conseil d'administration de Medivation, hostile au projet de Sanofi jusqu'à présent, s'est réuni jeudi pour étudier l'offre et n'a pas encore donné sa réponse.

Selon les analystes, l'offre de Sanofi, payable en numéraire, n'est probablement pas assez attractive en l'état, et des surenchères émanant d'autres groupes pharmaceutiques ne sont pas à exclure.

- Débuts poussifs pour Praluent -

Sanofi a maintenu vendredi son objectif annuel d'un bénéfice net par action (BNPA) des activités (un indicateur qui exclut certains éléments volatils) "globalement stable" à taux de change constants. Au premier trimestre le BNPA était de 1,34 euro, en hausse de 5,3% à devises constantes.

Le bénéfice net sur la période a augmenté de 6,3% à 1,087 milliard d'euros, pour un chiffre d'affaires en repli de 3,3% à 7,78 milliards d'euros.

Cependant ces résultats publiés n'incluent pas les activités de sa division de santé animale Merial, que le groupe a prévu d'échanger d'ici la fin de l'année avec l'allemand Boehringer Ingelheim contre ses actifs de santé grand public.

Cette importante transaction, qui doit aussi s'accompagner d'un paiement compensatoire du groupe allemand à Sanofi de 4,7 milliards d'euros, "se déroule comme prévu", selon M. Brandicourt. Elle doit être signée d'ici juillet et finalisée d'ici la fin de l'année.

En incluant Merial, le bénéfice net trimestriel atteint 1,7 milliard d'euros, en repli de 0,2% (+3,5% à taux de change constants) tandis que le chiffre d'affaires monte à 8,5 milliards d'euros, en repli de 1,9% en raison d'un effet de change défavorable, en particulier lié à la crise au Venezuela (+0,7% à taux de change constants).

Les ventes étant inférieures aux attentes du marché, l'action Sanofi reculait à la Bourse de Paris (-2,78% à 74,07 euros), sur un indice CAC 40 en repli de 1,54% vers 10H07 (8H07 GMT).

Néanmoins M. Brandicourt s'est dit "satisfait des solides performances" du groupe, portées notamment par Genzyme (maladies rares), Sanofi Pasteur (vaccins), la santé animale et la croissance dans les marchés émergents.

L'activité dans le diabète a quant à elle continué de reculer en début d'année sur un an (-4,5% à taux de change constants à 1,73 milliard d'euros), surtout en raison de baisse des prix aux Etats-Unis du Lantus, le produit phare de la franchise.

L'anti-cholestérol Praluent, lancé l'été dernier aux Etats-Unis et en fin d'année dans plusieurs pays européens, connaît des débuts poussifs, avec un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros au premier trimestre.

"Cela reflète les restrictions significatives des payeurs limitant l'essor de ce traitement innovant", a déclaré M. Brandicourt, espérant que des études cliniques complémentaires sur ses bénéfices cardiovasculaires potentiels, dont les résultats sont attendus au second semestre, permettront d'élargir son accès au marché.

Sanofi est par ailleurs en litige sur le Praluent avec l'américain Amgen, qui l'accuse d'avoir violé certains de ses brevets. Amgen a remporté une première victoire judiciaire en mars, mais les deux groupes ont fait appel.

afp/al