Lucerne (awp) - Le fabricant d'aciers spéciaux Schmolz+Bickenbach a bouclé le premier trimestre sur une perte nette de 24,4 mio EUR, après une perte de 122,4 mio EUR sur la même période l'an dernier. Le chiffre d'affaires s'est inscrit à 604 mio EUR, en baisse de 21,2%, écrit la société lucernoise vendredi dans un communiqué.

Le résultat d'exploitation Ebitda s'est établi à 25 mio EUR, contre 56,4 mio EUR sur la même période en 2015. La marge Ebitda s'est tassée à 4,1%, contre 7,4% au premier trimestre 2015. Le résultat d'exploitation Ebit est passé en négatif, avec une perte de 8,3 mio EUR, contre un bénéfice de 21,5 mio EUR sur la période de référence.

Les chiffres sont légèrement inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par AWP, notamment en termes de chiffre d'affaires. Ils n'avaient cependant pas été nombreux à faire l'exercice. Kepler et UBS prévoyaient un chiffre d'affaires compris entre 615 et 626 mio EUR. Au chapitre de l'Ebitda, l'entreprise est en phase, avec un résultat attendu entre 15 et 24 mio EUR. Enfin, Kepler prévoyait une perte Ebit de 5,6 mio EUR et UBS une perte nette de 28 mio EUR.

L'endettement a légèrement augmenté pour des raisons saisonnières à 489 mio EUR à fin mars 2016, contre 471 mio EUR en fin d'année dernière, mais 626 mio EUR fin mars 2015. Enfin, Schmolz+Bickenbach confirme ses objectifs pour l'exercice en cours, soit un chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'année comparable à celui de 2015 et un résultat d'exploitation Ebitda à périmètre constant compris entre 150 et 190 mio EUR.

"La mise en oeuvre des mesures d'économies et la stabilisation du marché indiquent que nous avons franchi le point bas au premier trimestre", a déclaré Clemens Iller, directeur général de Schmolz+Bickenbach, cité dans le communiqué.

La seconde moitié de l'année devrait être meilleure que la première. Les investissements prévus sont budgétisés à 100 mio EUR. À moyen terme, Schmolz+Bickenbach vise une marge Ebitda de plus de 8% sur le cycle économique.

Les conditions du marché resteront tendues en 2016, prévient Schmolz+Bickenbach. L'industrie automobile connaît une dynamique positive et le secteur des machines évolue dans un contexte stable, tandis que les secteurs gazier et pétrolier restent en berne. Les prix des matières premières restent instables et sont difficilement prévisibles, notamment pour la ferraille, le nickel, le ferrochrome et le molybdène.

VENTES PLOMBÉES PAR LE GAZ ET LE PÉTROLE

Les mauvaises conditions du marché au second semestre 2015 se sont répercutées sur les premières semaines de 2016. Dans les secteurs gazier et pétrolier, la crise s'est aggravée malgré le rebond des prix de l'or noir entre temps, écrit l'entreprise. Les ventes d'acier ont par conséquent reculé de 4,6% à 461 kilotonnes, contre 483 kilotonnes au premier trimestre 2015.

Toutes les régions ont enregistré des reculs. Avec un recul de 15,9%, c'est l'Europe qui s'en sort le mieux, souligne Schmolz+Bickenbach. L'Amérique du Nord ne représente plus que 13,1% des ventes, contre 18,4% un an plus tôt.

L'entreprise continue de se concentrer sur les produits à plus forte valeur ajoutée. L'acier à outils représente désormais 16,4% des ventes, contre 14,9% il y a un an. Les aciers inoxydables et réfractaires sont passés à 38,1% du chiffre d'affaires, contre 36,9% auparavant.

Enfin, la part des aciers de construction a diminué à 42,8 (45,3)%. Cette stratégie a bénéficié à la marge brute, qui a progressé à 38,1%, contre 37,1%, malgré un contexte économique défavorable, souligne l'entreprise.

Du côté des coûts, la réduction des effectifs dans les unités française, américaine et canadienne ont permis d'économiser 10 mio EUR.

Le cours du titre Schmolz+Bickenbach oscillait entre 0,64 et 0,65 CHF vendredi à la Bourse suisse, après avoir clôturé à 0,65 CHF jeudi soir. C'est un peu moins bien que l'indice SPI, qui avançait de 0,9% à 13h30.

Les mauvais résultats pèsent sur l'endettement de Schmolz+Bickenbach, constate la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Au cours des trois premiers mois de l'année, la part de fonds propres est passée de 35,6% à 32,6%. La stabilité du cours de l'action, dont le cours s'est nettement apprécié depuis le début de l'année, dépendra du redressement des prix esquissé au début du deuxième trimestre. Ce redressement doit être durable, avertit la ZKB, qui recommande la prudence sur le titre.

Après un départ mitigé en 2016, il sera plus difficile d'atteindre les objectifs, note pour sa part UBS. Si les prix des matières premières constituent un facteur positif au deuxième trimestre, les investisseurs resteront prudents tant que la demande ne se redressera pas sérieusement et que les économies mises en place ne produiront pas de résultats tangibles.

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