Zurich (awp) - La Suisse affiche de manière récurrente depuis les années 1980 un excédent de sa balance des transactions courantes. Cette situation n'implique pas une faiblesse du franc, a déclaré jeudi le président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan. Les mesures destinées à réduire l'attrait de la devise helvétique - dont les taux négatifs - demeurent ainsi nécessaires, selon lui.
"La BNS ne se base pas non plus sur la balance des transactions courantes pour fixer le cap de sa politique monétaire", a affirmé M. Jordan, qui s'est exprimé au Centre de sciences économiques de l'Université de Bâle.
En 2016, l'excédent de la balance des transactions courantes représentait 10% du produit intérieur brut. Un tel solde indique traditionnellement une monnaie sous-évaluée.
Or, ce n'est pas le cas en Suisse, a insisté le patron de la BNS. Trois facteurs tendent à expliquer cet excédent.
Le banquier central a évoqué en premier des distorsions statistiques. "Une large part des entreprises multinationales établies dans notre pays sont détenues par des non-résidents." En cas de réinvestissement des bénéfices, ces derniers sont attribués à la Suisse sur le plan statistique.
La faiblesse des taux d'intérêt amplifie également le solde de l'excédent car l'appréciation du franc en termes nominaux n'est pas prise en compte.
Les facteurs structurels, en grande partie le vieillissement "relativement rapide" de la population, constituent le deuxième élément avancé par le président de la banque centrale.
Dernier facteur, le solde et l'évolution de la balance des transactions courantes sont dominés en Suisse par les exportations nettes de l'industrie pharmaceutique et du commerce de transit, peu sensibles aux variations des cours de change.
La balance des transactions courantes regroupe les échanges de marchandises, de services, les flux de revenus et les transferts courants entre la Suisse et le reste du monde. Elle englobe notamment la balance commerciale.
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