Zurich (awp) - Après un bénéfice record de 54,4 milliards de francs suisses en 2017, la Banque nationale suisse (BNS) s'attend à achever l'année 2018 dans le rouge. Estimée à près de 15 milliards de francs suisses et reflet d'un débours de quelque 16 milliards sur les positions en monnaies étrangères que détient l'institut d'émission, la perte ne remet pas en question le versement de 2 milliards à la Confédération et aux cantons.

Le stock d'or de la BNS, qui représente environ 5% du bilan de la banque centrale, a pour sa part accusé une moins-value de 300 millions de francs suisses, ressort-il du communiqué diffusé mercredi par la banque centrale dans sa traditionnelle première estimation de résultat annuel. Quant aux positions en francs suisses, elles ont dégagé un bénéfice de 2 milliards, à la faveur notamment des taux d'intérêts négatifs appliqués aux avoirs à vue des banques commerciales auprès de l'institut d'émission.

Très fortement exposés à l'évolution des marchés financiers, ainsi que de ceux des devises et de l'or, les résultats de la banque nationale présentent de fortes fluctuations d'une année à l'autre. Ainsi en 2017, la BNS avait achevé l'année sur un bénéfice record de 54,4 milliards de francs suisses, un montant plus que doublé par rapport aux 24,5 milliards de 2016, qui eux-mêmes avaient suivi une perte de 23,3 milliards sur l'exercice précédent.

A l'image de l'an passé, le résultat des positions en monnaies étrangères, qui avait dégagé un bénéfice de 49,7 milliards de francs suisses en 2017 avait fortement influencé la performance. En matière d'allocation de devises, le portefeuille de la BNS affiche une forte exposition au risque, celui-ci se composant exclusivement de monnaies étrangères, conséquence des interventions opérées ces dernières années par la banque centrale sur les marchés de changes face à l'appréciation du franc.

Deuxième semestre délicat

La perte attendue pour l'exercice 2018 ne constitue pas une surprise, la BNS ayant achevé le 3e trimestre dans le rouge à hauteur de 12,94 milliards, alors que l'institut d'émission avait bouclé les six premiers mois de l'année sur un bénéfice de 5,1 milliards. Le débours d'environ 7,8 milliards subi au cours des quatre derniers mois de 2018, illustre quant à lui un environnement de marché particulièrement difficile.

Pour l'année 2018, le montant attribué à la provision pour réserves monétaires se montera à quelque 5,4 milliards de francs suisses. En tenant compte de la réserve pour distributions futures de 67,3 milliards, le bénéfice porté au bilan s'affiche à environ 47 milliards. Il permettra dès lors de verser un dividende de 15 francs suisses par action, soit le maximum légal, ainsi que la distribution de 1 milliard de francs suisses à la Confédération et aux cantons.

En outre, la Confédération et les cantons auront droit à un montant supplémentaire de 1 milliard de francs suisses, étant donné que le solde de la réserve pour distributions futures excède 20 milliards, après affectation du bénéfice. Le montant à distribuer, soit 2 milliards de francs suisses au total, revient pour un tiers à la Confédération et pour deux tiers aux cantons, rappelle la BNS. Ce versement, plafonné à 2 milliards, est réglé par une convention conclue à l'automne 2016 entre la Confédération et la BNS pour la période 2016-2020.

A l'issue de ces versements, le solde de la réserve pour distributions futures s'établira à 45 milliards de francs suisses. La banque centrale dévoilera le rapport détaillé sur le résultat de l'exercice 2018 avec les chiffres définitifs le 4 mars 2019. Le rapport de gestion paraîtra le 21 mars 2019.

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