SFR (-0,61% à 22,81 euros), solidairement avec sa maison-mère Altice, n'en a peut-être pas terminé avec les accusations de gun jumping et d'entrave à la concurrence. En effet, son concurrent Orange ne s'interdit pas "d'engager une action" contre lui. Le fait que SFR ait réalisé, avant autorisation des régulateurs, les deux acquisitions de SFR et Virgin Mobile en 2014 "est de nature à avoir faussé la concurrence sur un marché déjà tendu et a pu causer un préjudice aux concurrents", justifie l'opérateur.

Egalement sollicités, Iliad et Bouygues n'ont souhaité faire aucun commentaire sur le sujet mais La Tribune assurait vendredi qu'ils réfléchissent également à lancer une procédure.

En clair, il est reproché à Altice d'avoir commencé à prendre des décisions stratégiques chez SFR et à intervenir dans la définition de sa politique commerciale, avant même que l'acquisition soit officiellement validée. Chez OTL, qui opère sous la marque Virgin Mobile, il est souligné que le directeur général d'OTL avait commencé à exercer ses fonctions au sein du groupe SFR-Numericable avant l'autorisation de l'opération ou encore qu'Altice avait mis en place un mécanisme de remontée d'information hebdomadaire lui permettant de suivre étroitement les performances économiques d'OTL.

Tous ces manquements aux règles liées aux acquisitions avaient été mises en avant par l'Autorité de la Concurrence le 8 novembre, lorsqu'elle avait infligé une sanction de 80 millions d'euros à Altice et SFR. A l'époque, l'opérateur avait indiqué ne pas contester cette décision et d'accepter la transaction proposée par l'Autorité de la concurrence.

La perspective de nouvelles poursuites contre SFR a éclipsé deux autres annonces faites hier et aujourd'hui par le groupe. La première est le projet de rapprochement entre L'Express et L'Expansion pour créer une nouvelle offre hebdomadaire d'information économique et business. Cette évolution serait une nouvelle étape dans l'intégration des nombreux actifs de presse acquis par SFR ces derniers mois. L'autre annonce est la nomination de Bertrand Méheut, ex-président de Canal+, au Conseil d'administration de SFR.

"Cela témoigne de la volonté de SFR de poursuivre son développement dans les contenus, notamment séries et sports qui sont le point fort de Canal, et de la guerre réelle que se livrent de plus en plus Canal et SFR sur le terrain de la télévision payante", commente Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier.

Valeurs citées dans l'article : SFR Group, ORANGE SA, Bouygues, Iliad