Jin Jiang, deuxième groupe hôtelier chinois, vient d'acquérir près de 10% du capital d'AccorHotels en l'espace de deux mois et demi, pour près d'un milliard d'euros, après avoir racheté il y a un an le groupe Louvre Hotel (Campanile, Kyriad, Première Classe), concurrent direct d'AccorHotels en France, pour 1,3 milliard d'euros.

Il détenait à la fin mars 14,98% du capital et 13,07% des droits de vote, contre 5% au début du mois de février.

Cette annonce a nourri les spéculations sur le titre AccorHotels, qui grimpait mercredi après-midi de 4,05% à 40,495 euros à la Bourse de Paris, en tête des hausses de l'indice CAC 40 (+0,12% au même moment).

Fin février, Jin Jiang avait indiqué qu'il n'envisageait pas de prendre le contrôle d'AccorHotels mais n’excluait pas de poursuivre ses achats et de demander un ou plusieurs sièges au conseil d’administration pour "participer à la définition de la stratégie de la société".

"Jin Jiang veut probablement une position forte au conseil et ne pas être marginalisé par les investisseurs du Moyen-Orient", estime un analyste.

Avec le rachat du groupe FRHI (Fairmont, Raffles, Swissôtel) le fonds d'investissement du Qatar (QIA) et de celui du prince saoudien Al-Waleed (KHC) entreront à hauteur de 10,5% et 5,8% respectivement au capital d'AccorHotels.

Il est prévu que QIA dispose de deux représentants au conseil et KHC d'un administrateur.

Légèrement dilué dans le nouveau tour de table, Jin Jiang pourrait alors remonter "pour maintenir l'équilibre des forces", selon l'analyste pour qui l'hôtelier chinois pourrait vouloir à terme prendre le contrôle d'AccorHotels une fois absorbée l'acquisition de son concurrent Plateno.

LE PARI D'UNE SCISSION

D'autres, pour qui la scission d'AccorHotels entre activités de gestion hôtelière (HotelServices) d'un côté et immobilière (HotelInvest) de l'autre ne fait aucun doute, Jin Jiang pourrait être acheteur d'HotelServices, les Qataris reprenant HotelInvest.

"Les investisseurs du Moyen-Orient sont plutôt preneurs d'actifs tangibles (l'immobilier) tandis que Jin Jiang pourrait reprendre HotelServices et ses marques, notamment Ibis dont le potentiel en Chine est immense", note l'un d'entre eux.

La scission devrait intervenir, selon lui, au début de 2017, "lorsque HotelInvest tournera en vitesse de croisière".

Interrogé, AccorHotels s'est refusé à tout commentaire. Jusqu'ici, son PDG, Sébastien Bazin, a répété que l'arrivée de Jin Jiang était bienvenue et que celui-ci soutenait la stratégie d'AccorHotels.

Il devrait encore être interrogé sur le sujet lors de l'assemblée générale des actionnaires prévue le 22 avril.

Interrogé sur une possible scission du groupe, Sébastien Bazin a répondu en février que la question se poserait en 2017, si le titre AccorHotels se révélait décoté après la restructuration qu'il a lancée à son arrivée dans le groupe il y a près de trois ans.

Selon les règles boursières françaises, Jin Jiang sera tenu de déclarer à nouveau ses intentions s'il franchit les 15%, 20% et 25% du capital d'AccorHotels, intentions qui l'engageraient pour une nouvelle période de six mois.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis