Paris (awp/afp) - Alstom, qui va être repris par l'allemand Siemens, va bien tourner la page de son activité dans l'énergie puisque le PDG du groupe français a confirmé jeudi la sortie d'Alstom des coentreprises créées lors du mariage avec General Electric (GE).

"On se désengage", a dit le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, jeudi devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les décisions de l'Etat en matière de politique industrielle.

Le groupe français, recentré sur les transports, va exercer les options de vente de ses participations dans ces coentreprises prévues depuis 2014, qui contraignent GE à les lui racheter.

Ce retrait d'Alstom des trois coentreprises (énergies renouvelables, nucléaire et réseaux) créées avec General Electric au moment de leur mariage, n'est pas une surprise.

Il fait suite à la prise de contrôle d'Alstom, annoncée en octobre, par l'allemand Siemens.

"C'est vrai que les anciennes activités énergie d'Alstom n'ont pas leur place dans cette opération", a déclaré M. Poupart-Lafarge.

Ce désengagement intervient alors que GE connaît d'importantes difficultés dans sa branche énergie, dont les effectifs vont être réduits de 12.000 emplois, la France devant être préservée.

Le produit de cette cession, estimé à environ 2,5 milliards de dollars, doit permettre notamment le versement d'un dividende extraordinaire aux actionnaires d'Alstom lors du rachat par Siemens.

L'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, interrogé mercredi par cette même commission, avait proposé "que le gouvernement se débrouille pour faire un accord de place avec l'ensemble des investisseurs pour racheter ces entreprises qui sont très profitables".

Le groupe américain aura ainsi "la propriété pleine et entière (de ces coentreprises) avec une nuance sur la partie nucléaire" qui doit faire l'objet de discussions, a précisé M. Poupart-Lafarge.

Dans la coentreprise sur le nucléaire, détenue à 80% par GE et à 20% par Alstom, "les intérêts de l'Etat sont protégés", a assuré, lors de cette même audition, Corinne de Bilbao, présidente de General Electric France. "La présence de l'Etat est effective et permanente", a-t-elle précisé.

"ACTIONNAIRE DORMANT"

Alors qu'il est reproché à Alstom d'être un actionnaire "dormant" dans ces coentreprises, M. Poupart-Lafarge a assuré que "les règles ont été établies dès le départ sur le rôle" qu'Alstom doit y jouer, à savoir "être là pour vérifier un certain nombre de décisions stratégiques", et qu'"il n'y a pas eu matière à agir" pour le groupe français.

Plus tôt devant cette commission, Jérôme Pécresse, PDG de GE Renewable Energy, entité de GE dédiée aux énergies renouvelables et dont le siège mondial est à Paris, avait indiqué qu'"Alstom n'est pas consulté sur les décisions courantes" des coentreprises, mais est présent dans les conseils d'administration.

Les conseils des coentreprises réseaux et énergies renouvelables se sont réunis au moins "une fois par trimestre", et même plus pour le nucléaire, où l'Etat à une action préférentielle (golden share).

Alstom Transport avait racheté à GE ses activités de signalisation en novembre 2014, tandis qu'Alstom Energie était absorbé par GE.

"Pourquoi les syndicats trouvent que la signalisation n'a pas été aussi flamboyante que c'était prévu ? C'est vrai, ils n'ont pas tort", a encore reconnu Henri Poupart-Lafarge.

Mais selon lui, "la raison est simple, c'est qu'une activité importante de la signalisation de GE était bien évidemment aux Etats-Unis, sur le marché fret", qui "s'est écroulé (...). Donc c'est vrai que les perspectives américaines ont été moins favorables que ce qu'on avait pu anticiper".

L'objectif de la commission d'enquête est de s'interroger sur les moyens juridiques, économiques et financiers dont dispose l'État mais aussi de la stratégie adoptée, pour favoriser le maintien en France de son patrimoine industriel stratégique. Elle doit rendre ses conclusions au printemps.

afp/jh