Zurich (awp) - Les actionnaires de Sika devraient mettre dans trois semaines un terme au litige ayant opposé durant plus de trois ans la direction du groupe zougois aux héritiers de la famille Burkard et Saint-Gobain. Le fabricant de spécialités chimiques a fixé au 11 juin la date de l'assemblée extraordinaire qui devra entériner l'accord passé vendredi dernier avec le géant français des matériaux de construction.

La clause de sortie ("opting out") et la limitation statutaire de transfert des titres à 5% devraient être abolis, indique jeudi Sika. Ces deux dispositions ont constitué la coeur du litige qui a opposé depuis la fin décembre 2014 le chimiste du bâtiment à la holding Schenker-Winkler (SWH), qui représente les intérêts de la famille fondatrice, laquelle entendait céder à Saint-Gobain son paquet d'actions à Saint-Gobain pour 2,75 milliards de francs suisses. SWH détenait alors 16,1% du capital, une participation représentant toutefois 52,4% des droits de vote.

Les actionnaires devront également donner leur aval à la nomination de Justin Howell en tant que représentant de la Fondation Bill & Melinda Gates. Le nouvel administrateur succèdera à un des trois membres représentant SWH, à savoir Urs Burkard, Jürgen Tinggren et Willi Leimer, qui ont annoncé la semaine dernière leur retrait immédiat de l'organe de surveillance à la faveur de l'accord intervenu entre le géant français des matériaux de construction, SWH et la direction de Sika.

Actionnaire de longue date de Sika, la fondation du fondateur de Microsoft et de son épouse a apporté un soutien indéfectible au conseil d'administration et à la direction de Sika dns le conflit les opposant à Saint-Gobain et SWH. Si les six autres administrateurs indépendants, dont l'emblématique président Paul Hälg, restent pour l'heure en poste, un renouvellement pourrait intervenir. "D'autres changements pourraient survenir lors de la prochaine assemblée générale ordinaire", a indiqué à AWP un porte-parole de Sika.

Administrateurs enfin rémunérés

Outre Paul Hälg, Sika compte comme administrateurs la présidente de conseil d'administration des CFF et ancienne directrice générale de Panalpina, Monika Ribar, Daniel Sauter, lequel préside l'organe de surveillance du gestionnaire de fortune Julius Baer, le professeur émérite de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich Ulrich Suter, Frits van Dijk, un ancien membre de la direction de Nestlé ainsi que Christoph Tobler, le patron du groupe technologique Sefar et ancien responsable de la division industrie de Sika. M. Hälg a laissé entendre dans des interviews publiées dans divers journaus dominicaux alémanique qu'il entendait poursuivre son mandat.

Les actionnaires devraient également accorder la décharge au conseil d'administration, ce qui avait été systématiquement refusé lors des trois dernières assemblées générales, la limitation des droits de vote à 5% ayant à chaque fois été levée pour ce point de l'ordre du jour. Privé de jetons de présence, l'organe de surveillance travaille "gratuitement" depuis 2015.

Lors de l'assemblée ordinaire d'avril, les représentants de SWH ont refusé de payer rétroactivement les administrateurs et opposé leur véto aux rémunérations pour l'année en cours. Ces compensations en retard représentent un pécule de 8,64 millions de francs suisses pour la période 2015-2017. Pour l'année en cours, un montant maximal de 3,00 millions devrait être attribué aux administrateurs.

L'assemblée devra également donner son feu vert aux compensations versées aux membres du conseil d'administration pour la période 2015-2019. La somme n'est pas précisée pour l'instant, mais figurera à l'ordre du jour qui sera publié vendredi.

Epilogue

Sika et Saint-Gobain ont signé la semaine dernière un accord visant à régler le litige. Le groupe français va acquérir pour 3,22 milliards de francs suisses la holding Schenker-Winkler (SWH), qui détient 17,7% de Sika.

Saint-Gobain va revendre par la suite une participation de 6,97% dans Sika à cette dernière pour 2,08 milliards de francs suisses et s'engage à conserver les 10,75% de capital-actions et de droits de vote restants pour un minimum de deux ans.

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