Zurich (awp) - LafargeHolcim, fragilisé par un scandale en Syrie, a rapidement trouvé un successeur à la tête de sa direction. Jan Jenisch, l'actuel directeur général (CEO) du chimiste du bâtiment Sika, va prendre la tête du géant des matériaux de construction, remplaçant Eric Olsen, qui prend la porte après l'affaire syrienne. L'annonce a fait bondir le titre LafargeHolcim, mais plombé la porteur Sika.

Jan Jenisch occupera ses nouvelles fonctions à partir du 16 octobre, a indiqué LafargeHolcim lundi dans un communiqué. Ce dernier avait rejoint Sika en 1996, et avait pris la tête du groupe zougois en janvier 2012. Sous sa direction, la capitalisation boursière de Sika a plus que triplé, s'est félicité LafargeHolcim.

Hormis de solides progrès dans la performance du chimiste de la construction sur les cinq dernière années, le dirigeant a également résisté à la prise de contrôle de Saint-Gobain.

En décembre 2014, les héritiers du fondateur de Sika avaient annoncé la cession de leurs actions, correspondant à quelque 16% du capital mais surtout à plus de la moitié des droits de vote, au concurrent français. Contesté par la direction et une partie du conseil d'administration, le projet n'a jusqu'à présent pas abouti, mais reste en suspens d'ici la décision du tribunal cantonal de Zoug cet été.

Jan Jenisch prendra la suite d'Eric Olsen, qui dirigeait le groupe depuis la finalisation du rapprochement entre les deux géants en juillet 2015.

SCANDALE EN SYRIE

En avril, M. Olsen avait annoncé sa démission précipitée pour apaiser la situation après un scandale en Syrie, bien qu'il n'en ait pas été tenu pour responsable par le conseil d'administration.

Une enquête interne avait dévoilé que Lafarge Cement Syria (LCS) avait versé à des intermédiaires en Syrie des paiements "inappropriés" entre 2013 et 2014 pour poursuivre ses activités dans le pays en guerre et limiter les exactions de divers groupes armés locaux envers les employés et les clients ou encore s'assurer un accès aux ressources nécessaires.

Selon le quotidien français "Le Monde", qui avait révélé l'affaire, ces arrangements avaient notamment profité à l'organisation État islamique (EI).

Les fonctions de M. Olsen, qui partira mi-juillet, seront assurées à titre intérimaire par le président Beat Hess.

De son côté, Sika a nommé Paul Schuler au 1er juillet pour prendre la suite de Jan Jenisch à la direction générale. M. Schuler travaille depuis une trentaine d'années pour Sika et dirige la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) depuis 2013. Il a contribué à l'amélioration de la performance de Sika et à l'intégration de plusieurs grandes acquisition, a précisé le groupe dans un communiqué.

Dans la foulée de cette nomination, le chimiste du bâtiment a confirmé ses objectif d'une hausse des ventes de 6% à 8% et d'une progression du résultat d'exploitation (Ebit) et du bénéfice net plus rapide que les ventes.

TENDANCES INVERSÉES

A la Bourse suisse, les deux titres connaissaient des fortunes diverses. A 11h26, l'action LafargeHolcim bondissait de 6,3% à 57,85 CHF. A l'inverse, la porteur Sika lâchait 2,6% à 6160,00 CHF. Le SMI progressait quant à lui de 0,24%.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), la nomination de Jan Jenisch à la tête de LafargeHolcim constitue une bonne surprise, le dirigeant étant un fin connaisseur de la branche. La phase d'incertitude est restée brève après le départ soudain de M. Olsen, ce qui est "positif".

Kepler Chevreux a estimé que la nomination de Paul Schuler chez Sika est un "bon choix". La solidité de la direction est ainsi préservée. Les analystes s'attendent à ce que 2017 soit profitable au groupe.

Baader Helvea a approuvé l'opération, rappelant que la réussite de Sika n'est pas liée à une seule personne mais à une équipe, contrairement à ce que pensent les marchés. Le succès du groupe devrait donc se poursuivre, selon les analystes. Pour ces deniers, Paul Schuler ne changera pas la position de la société face aux ambitions de Saint-Gobain.

ol/al/buc