* Le tribunal de Zoug rejette le recours de SWH sur ses droits de vote

* Sika voulait limiter ces droits aux 5% statutaires

* Saint-Gobain fait valoir que la justice ne s'est pas prononcée sur le fond

* SWH pourrait demander l'annulation de décisions de l'AG d'avril (Actualisé avec courrier d'élus suisses)

par Gilles Guillaume et Andrew Callus

PARIS, 23 mars (Reuters) - Le chimiste suisse Sika a marqué un point dans sa bataille pour éviter de passer sous la coupe de Saint-Gobain, la justice suisse ayant décidé de laisser le groupe maître de ses droits de vote.

La holding SWH de la famille Burkard-Schenker, propriétaire de Sika via 16,1% du capital et 52,4% des droits de vote, a conclu en décembre un accord avec Saint-Gobain pour lui céder le contrôle de l'entreprise. Hostile à l'opération, Sika a plafonné les droits de vote à la limite statutaire de 5%, une disposition dont SWH était jusque-là exemptée et contre laquelle elle a déposé un recours, que le tribunal cantonal de Zoug a donc rejeté.

L'action Sika a fait un bond lundi après l'annonce de la décision de justice, clôturant sur un gain de 4,65%, tandis que le titre Saint-Gobain a perdu 2,42%.

Saint-Gobain et SWH ont chacun de leur côté fait valoir que la décision du tribunal ne remettait pas en cause la validité de l'accord conclu entre eux.

Le groupe français a fait savoir qu'il maintenait son projet d'acquisition des parts de SWH dans Sika, pour 2,75 milliards de francs suisses. Il compte toujours boucler sa prise de contrôle au second semestre de cette année, une fois obtenues toutes les autorisations réglementaires.

"Cette décision (de justice) ne porte pas sur le fond et n'est donc pas la confirmation des thèses de Sika, notamment sur la légalité d'une réduction par le conseil d'administration des droits de vote de SWH", a déclaré à Reuters une porte-parole de Saint-Gobain.

"Si Sika venait à réduire ces droits, elle violerait gravement le droit de propriété de SWH."

Plusieurs options s'offrent à la holding, parmi lesquelles l'annulation de décisions de l'assemblée générale de Sika qui se tiendra le 14 avril ou une action en justice contre des membres du conseil d'administration ou du comité exécutif du groupe.

Des actionnaires de Sika représentant environ 50% du capital du groupe contestent la logique industrielle du rapprochement avec Saint-Gobain et demandent que le français lance une OPA sur l'ensemble du suisse. Plusieurs élus suisses ont écrit vendredi au PDG de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar et à la famille Burkard pour appuyer cette requête.

"Rien ne justifierait de s'opposer à cette cession (...) si Saint-Gobain venait à soumettre à tous les actionnaires une offre équitable", écrivent-ils dans ce courrier que Reuters a pu consulter lundi.

La Commission suisse des OPA a confirmé début mars le principe de la clause d'exemption de lancement d'OPA. (Edité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Sika AG, SAINT GOBAIN