Sika (+3,42% à 3 056 francs suisses) a publié ce mercredi un document visant à expliquer auprès de ses actionnaires les raisons de son opposition à la prise de contrôle du groupe par Saint-Gobain. Le groupe suisse de chimie pour le secteur de la construction entend ainsi répondre aux inquiétudes récentes de ses actionnaires et espère entamer un "dialogue constructif" avec la famille Burkard et Saint-Gobain. Ce dernier avait dévoilé le 8 décembre un accord portant sur le rachat aux Burkard de leur holding Shenker Winkler qui détient 16,1% du capital et 52,4% des droits de vote de Sika.

Le groupe français de matériaux de construction offre 2,75 milliards de francs suisses, soit 2,3 milliards d'euros environ pour cet actif.

La direction de Sika affirmait il y a dix jours ne pas avoir été consultée, ni même mise au courant de cet accord avant le 5 décembre et s'était alors déclarée hostile à une telle entente, menaçant de démissionner en cas de réalisation de l'opération.

Dans le document présenté aujourd'hui sur son site, Sika précise que les discussions entamées entre le groupe et Saint-Gobain entre le 5 et le 8 décembre s'étaient soldées par un rejet, de la part de ce dernier, des "suggestions constructives" visant à corriger les "défauts manifestes de l'offre existante". Sika reproche notamment la limitation de l'offre à la holding, laissant les autres actionnaires (près de 84% du capital) sans compensation.

Il évoque par ailleurs des conflits d'intérêt à tous les niveaux et une difficulté à réaliser des synergies en raison de la concurrence entre Sika et Saint-Gobain sur certains marchés, dont celui des mortiers. Enfin, les synergies évaluées par Saint-Gobain à 100 millions d'euros dès la deuxième année (2017), et à 180 millions d'euros par an à compter de 2019, sont selon Sika trop optimistes. Il table pour sa part sur 150 millions environ.

Sika, qui dit constater l'inquiétude du marché, matérialisée par la baisse des titres de Sika (-24%) et de Saint-Gobain (-10%) depuis le 5 décembre, et agir "dans l'intérêt du groupe et des actionnaires", appelle aujourd'hui à relancer les discussions.

(E.B)