Zoug (awp) - Le tribunal cantonal de Zoug a rejeté la plainte déposée par les héritiers du fondateur de Sika contre les décisions prises à l'assemblée générale d'avril 2015, a indiqué vendredi à AWP un porte-parole du groupe. Le conseil d'administration et la direction de la société zougoise remportent ainsi une importante victoire dans leur lutte contre la prise de contrôle par le français Saint-Gobain.

Les trois points litigieux soumis par la holding SWH, qui regroupe la famille Burkard, ont été "massivement" rejetés, a précisé le porte-parole en marge d'une conférence de presse.

En avril 2015, le conseil d'administration avait décidé de limiter les droits de vote de SWH à 5% sur certains points à l'ordre du jour, alors que SWH détient 16,1% du capital et 52,4% des droits de vote de Sika, empêchant ainsi une prise de contrôle par Saint-Gobain.

Les héritiers ont réagi dans la foulée, annonçant qu'ils allaient contester la décision du tribunal cantonal. Ces derniers estiment en effet que la limitation "sélective" de leurs droits de vote est "contraire à la loi", selon un communiqué.

SWH a rappelé que le contrat de vente entre la famille Burkard et Saint-Gobain restait en vigueur jusqu'en juin 2017 et pouvait être prolongé jusqu'à fin 2018.

Le dialogue entre les deux parties n'est d'ailleurs pas rompu, les membres indépendants du conseil d'administration de Sika se disant "disponibles pour des discussions avec la famille Burkard afin de trouver une solution consensuelle avec tous les actionnaires de Sika", a indiqué le groupe zougois dans un communiqué séparé.

La volonté de dialogue a été également saluée par les actionnaires Cascade Investment, LLC et Bill & Melinda Gates Foundation Trust qui détiennent une participation dans Sika et militent contre une prise de contrôle par le groupe hexagonal.

Saint-Gobain a pour sa part affirmé sa volonté à poursuivre le projet d'acquisition, qu'il estime "créateur de valeur pour toutes les parties prenantes", selon un communiqué du groupe de Courbevoie. Ce dernier "fait confiance à la justice suisse pour rétablir, en appel, les droits de propriété de SWH".

INVESTISSEURS FRILEUX

Un bras de fer oppose depuis décembre 2014 la direction et le conseil d'administration de Sika à la famille Burkard. Les parties s'affrontent depuis que Saint-Gobain a proposé 2,75 mrd CHF à cinq héritiers du fondateur pour reprendre leurs parts, qui se montent à 16,1% du capital mais représentent 52,4% des droits de vote.

Le président de Sika, Paul Hälg, avait jugé peu réalistes les synergies présentées par Saint-Gobain, notant que même les analystes suivant le groupe français ont émis de doutes quant au bienfondé de l'opération. M. Hälg avait averti sur de probables réactions négatives des clients de Sika, nombre d'entre eux représentant des concurrents directs de l'entreprise hexagonale.

A la dernière assemblée générale de Sika en avril, le directeur général (CEO) Jan Jenisch était monté au créneau contre Saint-Gobain, lançant: "nous n'avons pas besoin d'eux, n'en avons pas eu besoin et n'en aurons pas besoin".

Le PDG de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar, avait pour sa part réaffirmé en juin sa détermination à mener à bien l'acquisition de Sika. "Le temps n'aura pas raison de notre projet d'acquisition. Non pas parce que nous sommes obstinés, mais parce que c'est un projet industriel et financier d'une grande valeur pour notre groupe", avait-il dit.

A la Bourse suisse, les investisseurs s'étaient montrés réservés à l'approche du verdict. Après avoir modestement reculé en début d'après-midi, l'action Sika a clôturé en baisse de 4,20% à 4247,00 CHF, dans un SLI en hausse marginale de 0,02%.

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